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Université algérienne: Les peines passagères et la maladie chronique

La date de la rentrée universitaire fixée

Le constat est on ne peut plus morose. Depuis de naissance,  l’université algérienne souffre d’un malaise profond. Au vu que l’université ne peut être appréhendée en faisant abstraction du cadre sociopolitique général et de la qualité d’enseignement dans les paliers inférieurs, de nombreux observateurs estiment que les choses empirent. Et les classements mondiaux dans lesquels les universités algériennes figurent parmi les dernières en Afrique confirment cette morosité endémique.

Lors d’une livraison fournie au journal El Watan, Le minsitre l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane a reconnu que l’université algérienne demeure confrontée à trois grands défis, à savoir le défi de la qualité de la formation, de la recherche et de la gouvernance, celui de l’employabilité liée à l’ouverture de l’université à son environnement socioéconomique, et le défi de son ouverture à l’international.

Pour y remédier un tant soit peu, il a évoqué la mise en place d’un dispositif de manière à supprimer le système centralisé qui empêche les universités de s’ouvrir sur leur environnement et sur l’international, indiquant que cela concerne la décentralisation d’un certain nombre d’actions.

En réalité le diagnostic dressé par A. Benziane n’est pas loin de la réalité, du fait que l’université a depuis toujours été gangrénée par un problème de gouvernance. En effet, la démocratisation de l’enseignement supérieur qui a profité à des millions d’Algérien(ne)s ne s’est pas accompagnée d’une démocratisation de sa gestion.

Les responsables à la tête de nos  universités (recteurs) et autres directeurs d’établissements universitaires continuent d’être désignés par des arrêtés ministériels sans que l’ensemble de la communauté universitaire n’ait à ce propos aucune voix au chapitre. Des désignations qui répondent beaucoup plus à des considérations d’ordre politique qu’à des critères de compétence ou d’autorité scientifique et ce malgré les nombreux mouvements de protestation initiés par les enseignants revendiquant cette démocratisation tant attendue. 

À la place  d’une gestion censée être scientifique, on a ainsi préféré une gestion politique de l’université qui n’a pas tardé à impacter l’environnement général et la gouvernance de nos universités.

Cette approche ‘politique’ de gestion a tôt fini par instaurer une véritable logique de prédation à laquelle n’échappe aucune instance, pas même les instances dites scientifiques au sein desquelles on n’hésite pas à s’affronter pour s’emparer des crédits octroyés par le ministère aux différents laboratoires de recherche et bénéficier de stages et autres congés scientifiques, encore une fois selon des règles beaucoup plus clientélistes que scientifiques.

Aux multiples maux qui rongent notre système universitaire, vient s’ajouter celui de la réforme inhérente au mécanisme LMD (Licence-Master-Doctorat), vanté en 2004 par le ministère de l’Enseignement supérieur de l’époque comme étant une réforme révolutionnaire porteuse de grands espoirs pour l’université algérienne, ce système a été conçue à la hâte par les experts de ce même ministère sans que soit consultée la communauté universitaire et sans que soit engagé un débat profond sur ses tenants et aboutissants.

Interrogé sur cette question,  le  ministre a précisé qu’il n’est pas possible de sortir d’un système qui existe mondialement, estimant que son avantage est de permettre une ouverture sur l’environnement socioéconomique, à travers des formations professionnalisantes de courte durée, permettant à l’étudiant d’être opérationnel immédiatement après sa sortie de l’université, mais aussi de pouvoir travailler durant son temps libre, grâce à des volumes horaires réduits.

En ce qui concerne le niveau dont on constate le recule flagrant, beaucoup parmi les spécialistes pointent du doigt l’examen du baccalauréat qui, selon eux, ne reflète pas le savoir acquis par l’élève durant son cursus secondaire et considèrent que la moyenne générale obtenue par le candidat à l’issue de cette épreuve est trop simpliste pour pouvoir constituer l’unique critère qui préside à son orientation. Une réalité que corrobore le taux d’échec en première année à l’université qui dépasse  60 %, notamment dans les filières techniques.

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