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L’adoption d’un système d’aide direct à la place des subventions : un pari risqué

Réunion du gouvernement: L’Etat insiste sur le pouvoir d’achat et la disponibilité des produits

Éludée par les gouvernements qui se sont succédé depuis l’ère Hamrouche malgré les difficultés croisées, la levée des subventions pour le soutien des produits de première nécessité est finalement appliquée sous le gouvernement d’Aymène Benabderahmane qui au cours du dernier conseil des Ministre, a pris la décision d’instaurer à la place des transferts sociaux des aides frontales sous forme d’allocations financières permettant de relever de manière substantielle les plus bas revenus. 

Bonne ou mauvaise, les conséquences d’une telle entreprise ne tarderont pas à se manifester surtout que la mise en œuvre de cette décision pose plusieurs problèmes. Entre autres, celui du niveau d’allocation financière accorder aux plus faibles revenus pour qu’ils soient solvables 

En effet, à défaut d’une maîtrise des indices des salaires et des prix ; il s’avère très difficile de déterminer à partir de quel minimum de revenu un algérien pourrait être solvable sur un marché fonctionnant selon la règle de la vérité des prix. 

Par ailleurs, la question à savoir quelle institution aura à charge de confectionner les listes de personnes ou ménages à bas revenus, éligibles à l’octroi  de ces allocations se pose avec acuité sachant la culture bureaucratique ambiante qui risque de faire que la remise de ces subventions, aillent beaucoup moins vite que les prix qui augmentent à la vitesse que l’Algérien lambda aura constaté.

Car si une telle tâche est confiée aux APC, on devrait inéluctablement s’attendre à des failles si gravissimes que provoque déjà le manque de compétences et la prépondérance de la corruption et le clientélisme, et il n’est qu’à se rappeler les couffins du ramadan, primes de scolarisation, emplois etc. pour s’en faire une idée claire.

Aussi il demeure quasiment impossible de situer la réalité financière des algériens dontr plus des deux tiers vivent grâce à des activités issues du secteur informels. En somme ils sont plus de 6 millions d’algériens qui vivotent bien loin des sphères officielles, et le fait que la situation économique dans l’informel évolue si rapidement, implique qu’il serait mal venu de figer les revenus relevés à une période donnée, pour en faire des critères d’éligibilité aux aides l’Etat. 

 Autant dire le contexte politico-social au cours duquel l’état décide de franchir un pas d’autant risqué que l’acceptabilité même de cette mesure se révèle impossible au vu des crises multiformes qui ébranlent la société algérienne. 

Concrètement, le rôle de l’État au regard de l’acceptabilité sociale d’un tel projet doit être examiné à plus d’un titre sachant que  les interventions de l’État et leur influence sur les réponses du public sont le plus souvent considérées à la pièce, sans perspective globale ni référence à une certaine conduite ou posture attendue de l’État dans la société, rendant la discussion difficile. 

Il reste connu que la catégorisation de l’ensemble des interventions critiques de l’État permet de différencier plusieurs grands facteurs d’influence liés à l’État, en amont, pendant et en aval des projets, et de souligner globalement la portée potentielle des décisions mises à exécution.  

De ce fait, il s’avère plus qu’utile pour le staff dirigé par Aymane Benabderahmane de prendre conscience de la dimension de l’influence et de la responsabilité de l’état dans la gestion de la cité dans ce contexte d’instabilité régionale et de crises successives induites par la crise sanitaire.

La pandémie qui continue de sévir affectant tous les pays de la planète a incité les chercheurs, les acteurs étatiques et les autres acteurs sociaux à réfléchir sur la nature et la portée de l’intervention de l’état à structurer et à discuter les critères d’examen de ces interventions et de leur influence, mais aussi des attentes spécifiques qu’ils ont et que les autres acteurs ont également à l’égard de l’État.

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