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« Grenouillages » aux portes sud-est de l’Algérie

A quoi joue le maréchal Khalifa Haftar ?

Le « big reset » n’est pas une théorie du complot, c’est un complot tout court. Pour ceux qui savent être patients et rigoureux et placer les indices les uns à cotés des autres, le puzzle est presque constitué dans son ensemble ; il manque certainement quelques pièces, mais déjà, sous nos yeux, la vue d’ensemble se dégage.

Depuis les accords d’Abraham, qui ont constitué le volet politique et militaire du « big reset » (l’autre volet étant le volet économique), les événements se sont succédé à une vitesse et une régularité qui n’a laissé aucun doute sur la reconfiguration souhaité dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne. 

D’El Guerguarat à l’assassinat ciblé des trois camionneurs algériens par un tir de drones marocains, en passant par la normalisation, la construction d’un consulat émirati à Dakhla, Pegasus, présence du Mossad au Nord-Mali, par le biais des entreprises israéliennes, etc. nous avons eu droit à un défilé sans précédent d’événements décisifs dont l’objectif est sans contredit de reformer la région selon de nouvelles normes édictés justement par ce « big reset ». De toute évidence, tout n’a pas fonctionné pour les stratégies mises en place au quart de tour, du fait de l’existence d’un autre pôle d’influence constitué par le duopole sino-russe et les pays qui gravitent autour de cet axe, mais les stratégies tiennent bon à faire aboutir leurs menées souterraines.

Le dernier événement en date, à saisir au vol, la candidature à la présidentielle en Libye du maréchal Khalifa Haftar, annoncé hier. Haftar, dont les forces contrôlent l’est et le sud de la Libye, a annoncé mardi dans un discours qu’il se porte candidat pour la présidentielle. Après avoir consulté ses principaux mentors, dont Israël, à qui il a promis une « normalisation » rapide, il rêve de devenir président des Libyens. Connaissant ses arrière-pensées vis-à-vis de l’Algérie, on sait d’avance à quoi s’attendre avec lui.

Il y a une semaine, « à la demande de la France » 300 « mercenaires et combattants étrangers » pro-Haftar ont été rapatriés des zones contrôlées par le camp de l’homme fort de l’Est libyen. L’homme qui a toujours rêvé de diriger les Libyens à partir de Tripoli devait être « clean » et se présenter sous une nouvelle couture. La France et Israël sont les deux principaux mentors de cette candidature qui fait peur aux Libyens eux-mêmes.

La candidature, la veille, de Seïf el-Islam Kadhafi avait surpris et irrité les mentors de Haftar. Aussi, fallait-il vite faire disparaitre l’effet d’annonce de celui qu’une bonne partie des Libyens veulent voir plébiscité et présenter une candidature militaire musclée. 

Dans toutes ces menées de sous-sol qui se trament en Libye, dans ces calculs qui se déroulent nuitamment, l’Algérie demeure l’axe central et l’objectif à atteindre. « Incollable » sur le Sahel, délogé du Mali, la France se rabat sur la Libye. Beaucoup de zones d’ombre, de non-dits, de parties cachées, mais qui se dévoilent jour après jour…

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