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Alliances tactiques sur des dossiers épineux en prévision du Sommet arabe

Alliances tactiques sur des dossiers épineux en prévision du Sommet arabe

  Alors que le Sommet arabe avance à grands pas, l’Algérie a fait vite d’assainir des « contentieux » afin de donner toutes ses chances à un Sommet qui promet d’être très pesant sur la scène régional. Il y a quelques mois, tous les signaux étaient « négatifs », et sous l’effet de la normalisation avec l’entité sioniste, ainsi que du « legs » de Trump, les événements se sont enchainés au préjudice de la stabilité du Maghreb. Le jeu était sournois, mais à ce stade de la politique stratégique, il fallait répondre au jeu de Monopoly par un similaire jeu de stratégie.

      Tout le triple espace maghrébo-saharo-sahélien était intégré dans un « grand reset » qui faisait craindre le pire : Mali, Libye, Sahara occidental, tensions avec le Maroc, Sahel, jeu des stratégies dans la région (France, Turquie, Etats Unis, Israël, Emirats arabes Unis, etc.). Les « alliances nocifs » d’un Haftar n’arrangeaient pas non plus les choses. Au bout du compte, nul ne pouvait prévoir de quoi demain sera fait dans la région. Et lorsqu’on ne maitrise pas cet avenir, il y a réellement à craindre. Donc, il y avait du travail à faire, des alliances à contracter et des tensions à tempérer pour aller vers l’essentiel.

    Lamamra à fait le travail aussi bien chez les saoudiens que chez les Emiratis ; de la sorte, les tensions ont baissé de plusieurs crans, même si, dans l’absolu, le soutien des monarchies du Golfe au Maroc demeure toujours une « consistance » pour des raisons historiques et théologico-politiques dont il serait vain d’en aborder les contours.

   Aujourd’hui, les données ont changé. Pour le Sommet, Alger a déjà le soutien du Caire, acteur très important de l’espace arabe et musulman. Ainsi, l’Algérie et l’Egypte ont insisté, dimanche, sur « l’importance de hisser la cadence de coordination entre les délégations des deux pays au sein de l’Union africaine (UA) pour soutenir les solutions pacifiques aux crises ». La visite du chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, en Egypte où il s’est entretenu avec son homologue, Sameh Choukri, a été sanctionnée par « la détermination commune à œuvrer de concert pour faire réussir le prochain Sommet arabe en Algérie », prévu en mars prochain à Alger.

Selon un communiqué publié à l’issue de la visite, « dans le cadre des développements de la situation sécuritaire et politique sur la scène continentale, les deux parties ont insisté sur l’importance de hisser la cadence de coopération entre les délégations des deux pays à l’intérieur de l’organisation continentale et dans ses différentes structures afin de soutenir les solutions pacifiques aux crises, conformément à une approche consacrant le principe des solutions africaines aux problèmes du continent, loin de tout diktat qui entamerait la souveraineté des pays et compliquerait les défis soulevés », a précisé le communiqué.

De même le dossier malien n’a pas été laissé à la traine, d’autant que Bamako se présentait à « subir » les sanctions de la Cédéao. Impliqué dans le Plan de paix, par le biais des « accords d’Alger », l’Algérie donnait du ton en faisant faire des concessions aux deux parties, de sorte qu’aujourd’hui, la Cédéao se positionne sur la démarche algérienne et dit être prête à accompagner le Mali dans sa Transition.

Alger et le Caire ont examiné également, selon la même source, « les derniers développements de la crise libyenne et les perspectives d’activer la solution politique pour mettre un terme aux interventions étrangères dans ce pays frère ». La Libye devait organiser, rappelons-le, sa première élection présidentielle post-Kadhafi le 24 décembre 2021. Mais l’échéance a été renvoyée sine die, pour diverses raisons.

Le dossier des factions palestiniennes, une première dont Alger peut s’enorgueillir d’en porter le sceau, a été un autre registre très sensible à manipuler avec le maximum de précaution, car truffé de « mauvaises surprises ».

        A deux encablures du Sommet arabe, Alger met les atouts de son coté. Tunis, Niamey, Nouakchott et Tripoli se positionnent, dans l’ensemble, dans le sillage de la politique algérienne. Reste à faire en sorte de mener le Sommet à sa fin, avec un important repositionnement de la Syrie dans sa famille naturelle. Mais d’ici à mars, il faut rester vigilant aux événements qui sont provoqués par le jeu des stratégies de nuisance.  

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