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Les « contras » de Haftar à la manœuvre à Tripoli

A quoi joue le maréchal Khalifa Haftar ?

Après la tentative de prendre Tripoli par la force, tentative avortée par les drones turcs, qui ont littéralement défait le maréchal le contraignant à battre en retraite, le voilà qui revient à la charge, mais cette fois-ci en sous-traitant la guerre et en adoubant Fathi Bachagha au poste de Premier ministre. En envoyant celui-ci à la bourre, Haftar espère également disqualifier par le même coup, un adversaire sérieux, Dbeibah, tout en maintenant Seif al-islam Kadhafi à bonne distance, puisque Fathi Bachagha s’est déjà chargé durant le long mois de son périple à l’étranger – et qui a précédé la manœuvre contre Dbeibah – ne veut pas entendre parler de la candidature de Seïf, affirmant aux capitales occidentales que le fils du Guide avait trop de « soucis » avec le TPI pour espérer siéger à Tripoli. Ce qui signifiait beaucoup. 

Le maréchal Khalifa Haftar a immédiatement « signé » son adhésion au coup tordu contre Dbeibah.  Selon un communiqué publié par le porte-parole de Khalifa Haftar, Ahmad al-Mesmari, sur son compte Facebook, quelques heures après que la Chambre des représentants ait désigné l’ex-ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, comme chef du gouvernement, « le commandement général (en référence à Khalifa Haftar) se félicite de la nomination par la Chambre des représentants, de Fathi Bachagha, au poste de Premier ministre pour diriger le pays vers un avenir meilleur ». Le chef des forces armées dans l’est de la Libye appelle à «œuvrer pour rétablir le prestige de l’État, préserver ses ressources et protéger les institutions souveraines du chantage et de la mainmise des hors-la-loi».

      De son côté, Abdelhamid Dbeibah, sentant Aguila manœuvrer avec Haftar, avait averti qu’il n’accepterait aucune nouvelle phase de transition, assurant que l’exécutif continuera à assurer sa mission, jusqu’à la désignation d’un gouvernement élu. Pour le moment, l’ONU le conforte dans sa position, après la déclaration du porte-parole de l’Organisation, Stéphane Dujarric, qui a dit continuer de soutenir Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre en Libye. Ce qui constitue pour Debibeh un point gagné contre son adversaire Bachagha.

   Cette autre menée souterraine fait suite à celle, en septembre dernier, lorsque, dans une mesure illégale du président de la Chambre des députés en Libye, Aguila Salah, les résultats de la motion de censure lancée contre le gouvernement d’Union nationale ont été falsifiés, déclarant Dbeibah « hors circuit ».

   Mais il faut certainement s’attendre au pire : quelques heures après avoir déclaré refuser la décision de la Chambre des représentants, parce que « illégale », Dbeibah a miraculeusement échappé à une tentative d’assassinat. 

        Pour Alger, il serait intéressant de savoir pour qui roulent ces acteurs visibles et qui opèrent en clair les opérations organisées en crypté, en Libye et hors de la Libye. Certains pensent naïvement que la Libye revient à deux gouvernements parallèles ; or c’est là, une première étape mise sur rails pour arriver à la seconde, plus affermie, celle d’un Bachaga qui mettrait sur orbite le retour, possible et dangereux à la fois (pour les relations qu’il a noué avec des parties hostiles aux Etats voisins), du controversé maître de la Cyrénaïque.

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