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La position ambigüe de la presse nationale sur l’Ukraine

Le projet de loi sur la presse écrite et électronique: Les textes répondent-ils aux attentes des professionnels du secteur ?

Les médias occidentaux, dans une très large proportion, soutiennent l’Ukraine contre l’ « impérialisme russe », c’est évident. Dire que « la guerre de propagande est de bonne guerre » reviendrait à dire une redondance. La Russie a su mettre en place un dispositif informationnel efficace, mais qui n’est pas de la consistance des médias occidentaux, qui, tous, agissent de concert pour donner une seule grille de lecture à toute la planète. 

La presse occidentale, française notamment, dessine une guerre du bien contre le mal, les gentils ukrainiens contre les méchants russes; un manichéisme de propagande où la part de vérité est dérisoire, presque introuvable dans les tonnes d’informations de propagande. Le bon contre le mauvais, l’agressé contre agresseur ; alors que la réalité est plus complexe, les enjeux plus importants et les frontières presqu’invisibles.  

Comme pour la Libye et l’Otan, l’Ukraine et l’UE ont entretenu une relation de suzeraineté, une stratégie de surenchère dirigée contre la Russie, et qui semble avoir mal tournée. Selon son discours de lundi, le dernier avant le lancement des hostilités, le chef du Kremlin a demandé une dernière fois « des garanties de sécurité pour l’Otan et la Russie ». Il a listé trois points : la non-expansion de l’Otan vers l’Est, le non-déploiement d’armes offensives près des frontières de la Russie et le retour à la situation de 1997. « L’Otan est aux portes de la Russie, et ce cauchemar doit cesser ». Ainsi, dans cette simplicité désarmante se posait le problème.

   Ce qui nous intéresse ici c’est de remarquer combien la presse nationale se positionnait dans de mauvais postes par rapport aux enjeux qui sous-tendaient la crise, puisant par-ci, et s’égarant dans les orientations de ses sources, absorbant par-là, et se fourvoyant dans des impasses imprévues. Alors que, pour faire le parallèle, le problème s’est (presque) posé à l’Algérie avec une entité sioniste aux portes ouest et l’hostilité justifiée affichée par Alger. Si le Maroc s’avisait à placer Tsahal et ses arsenaux aux frontières avec l’Algérie, il n’y a pas à se demander comment va être la réaction algérienne.

Généralement, les médias algériens, francophones surtout, ont abondamment puisé dans les médias mainstream occidentaux ; et ceux-ci, malheureusement, livrent une seule et unique grille de lecture présentée sous différents emballages pour forcer l’opinion à suivre le parcours fléché, afin de faire croire au monde entier que nous sommes en face – et en phase – du « nouvel impérialisme russe », selon les termes de BFMTV.

On connait bien les tares, les manquements de la Russie, on sait que Moscou n’est pas un pays au-dessus de tout soupçon, mais on sait également que les Russes veulent qu’on arrête de les narguer et de les menacer. Les Africains, subsahariens surtout, ont eu une position foncièrement contre (certains) leurs régimes et ont soutenu Moscou à fond. Sur le sujet, ils savent à quoi s’en tenir : ce sont les Occidentaux qui ont un lourd passif vis-à-vis des Africains, pas les Russes. Et s’il y a un continent qui se sent proche aujourd’hui de la Russie c’est bien l’Afrique, qui a été coupé, découpé, dépecé et les populations locales montées les unes contre les autres, comme les ex-Républiques socialistes soviétiques ont été de la même façon déconstruites, humiliées, découpés et dépecés, et les populations locales montées les unes contre les autres.

  Il est vrai pourtant que cette guerre qui doit cesser, pour donner une chance à la paix, mais c’est une guerre qui doit également être méditée…

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