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Christophe Lafaye ouvre une page sombre de l’histoire coloniale française

Christophe Lafaye ouvre une page sombre de l’histoire coloniale française

French troops prepare to enter the maquis in the region of Tlemcen Nedromah on April 27, 1956 during military operations, during the Algerian War. (Photo by Jacques GREVIN / AFP)

A partir de 1956 l’armée française a mené en Algérie « une guerre souterraine en utilisant des gaz toxiques dans ces grottes transformées notamment en des lieux de combats….

Invité hier au Forum du quotidien national El Moudjahid, l’historien français, Christophe Lafaye, a appelé à «ouvrir les archives militaires » sur « la guerre des grottes » menée contre les Algériens à l’époque coloniale, évoquant l’utilisation de gaz toxique par l’armée coloniale française dans des grottes.

L’historien français a révélé des faits d’une extrême gravité, soulignant : «Il s’agit de guerre chimique souterraine à laquelle l’armée coloniale a eu recours en Algérie durant la période 1956-1961, en utilisant du gaz mortel contre des femmes, des enfants et des personnes âgées réfugiés dans des grottes et des casemates ».  Il a ajouté : «Des milliers de sites contenant des corps portés disparus pourraient faire l’objet d’une investigation pour leur identification, d’où la nécessité de retrouver les cartes permettant l’exploitation de ces sites ». « A partir de 1956, a-t-il poursuivi, l’armée française a mené en Algérie « une guerre souterraine en utilisant des gaz toxiques dans ces grottes transformées notamment en des lieux de combats, d’infirmerie pour les Moudjahidine, mais aussi des refuges pour la population ».

L’armée française a ainsi mené une guerre souterraine usant d’armes chimiques, en violation du protocole de Genève de 1925 qui en interdit l’utilisation. «L’épisode de la guerre de grottes n’est pas le premier en son genre que les Algériens ont subi. Au début de la colonisation, il y a eu plusieurs enfumades, dont la plus célèbre a été celle de Dahra en 1845 », a-t-il indiqué. 

Entre le 18 et e 20 juin 1845, un millier de personnes, dont des femmes et des enfants, de la tribu des Ouled Riah, ont été tués asphyxiés dans la grotte des Frariche, dans les monts de Nekmaria, dans le Dahra, à l’extrême Est de Mostaganem, sur ordre du maréchal Aimable Pélissier, appelé aussi Duc de Malakoff, devenu gouverneur général d’Algérie en 1860, et plusieurs fois décoré par des « médailles militaires » pour ses « actes de guerre ». 

Samedi dernier, Christophe Lafaye à animé une conférence-débat à l’université Mentouri de Constantine où il a souligné que « l’arme chimique a été utilisée dans le but de rendre les grottes creusées par les combattants algériens inutilisables ». « Ces casemates, a-t-il relevé, sont une constante dans la guerre depuis le début de la colonisation et servent de lieux de transit, et de dissimulation à l’appareil de surveillance français».

Lafaye a expliqué que « pour déloger les éléments de l’ALN des caches souterraines, l’armée française a testé plusieurs machines jusqu’à les rendre sophistiquées pour une meilleure diffusion du gaz ».  En avril dernier, des personnalités françaises dont des historiens, ont lancé un appel aux autorités de leur pays pour que les archives sur le recours aux armes chimiques par l’armée française dans des grottes en Algérie soient ouvertes et consultables.

De son côté, l’ancien membre du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG), Dahou Ould Kablia, a estimé qu’en dépit des efforts consentis jusque-là, il reste beaucoup à faire  pour que le travail de mémoire soit assumé et que la vérité soit connue, ajoutant  que « toutes les souffrances qu’a endurées le peuple sont encore vivantes dans nos chairs.  

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