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Le jeu du duo Haftar-Bachagha menace la stabilité du Maghreb

A quoi joue le maréchal Khalifa Haftar ?

    Duo détonnant, le maréchal Khalifa Haftar, chef autodésigné de la Cyrénaïque, et le premier ministre libyen désigné par le Parlement, Fathi Bachagha, affirment à leurs mentors occidentaux qu’ils rentreront à Tripoli dans peu de jours.

    Coup de bluff ? Il serait judicieux de croire plutôt à un ballon-sonde. Car à ce stade, autant prendre la menace pour argent comptant, d’autant que le duo a déjà fait ses preuves, s’agissant de leur volonté de prendre le pouvoir en Libye par la force. Haftar en fut chassé grâce aux drones des Turcs, alliés du gouvernement national légitime, Bachagha, par la population, réfractaire à ce type de responsables aux ordres de « parties étrangères ». 

   Si Abdelhamid Dbeibah est toujours en place, ce n’est pas parce qu’il est issu du gouvernement d’Union nationale, seul autorité reconnue par la communauté internationale, mais parce que la population libyenne, dans sa grande majorité le soutien, même celle installée dans le Cyrénaïque et soumise par la force des choses à l’autorité outrancière des milices de Haftar. 

   Son éviction par la Chambre des représentants, le 8 février 2022, n’a pas changé la donne pour les Libyens, dont le soutien reste indéfectible, d’autant qu’ils redoutent une prise de pouvoir par Haftar. La tentative d’assassinat, le 10 février, dont il est victime, son convoi essuyant des tirs de kalachnikov, renforce sa popularité. Proche de la Turquie, de l’Algérie, mais également des instances internationales, il affirme qu’il ne cédera le pouvoir qu’aux seules instances légitimes et élues. 

         Personne en Libye n’est dupe de la supercherie Haftar. Celui-ci, poursuivi par des tribunaux américains pour « crimes de guerre » est, politiquement, pour ainsi dire, « cramé » ; de ce fait, il lancé son joker Fathi Bachagha. Celui-ci obtient la confiance de la Chambre des représentants, au terme d’un pastiche de retrait de confiance à Dbeibah, lequel  refuse de lui céder le pouvoir, estimant que le quorum n’a pas été atteint et que des fraudes ont eu lieu.

 «Toutes les routes vers Tripoli sont ouvertes et, si Dieu le veut, nous y serons dans les prochains jours», affirme Fathi Bachagha dans un entretien via Zoom réalisé vendredi dernier, depuis son QG provisoire dans la ville de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli.

  Le problème que suscite le duo, l’agent et son double, est que l’un comme l’autre ont surtout l’appui de parties étrangères, mais non pas populaires. Haftar, on le sait, avance à l’aide de milices paramilitaires, qui ont déjà sur le dos des plaintes et des soupçons de torture sur des opposants en Cyrénaïque. Ses mentors étrangers sont surtout la France, l’Otan, Israël et les Emirats. Bachagha est son double politique. 

  Nul ne peut présumer de quoi demain sera fait en Libye. Mais si –à Dieu ne plaise – le conflit s’envenime et aboutit à des affrontements, il est fort à parier que le retour de flammes touchera en premier le duo fratricide, qui aura une bonne partie du pays sur le dos…

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