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« Pourquoi le narratif antirusse de la presse occidentale est contre-productif…»

« Pourquoi le narratif antirusse de la presse occidentale est contre-productif…»

On sait depuis le début de la guerre en Ukraine, que la presse occidentale, française et anglo-saxone, plus spécialement, a mis les informations sous le boisseau, ne laissant filtrer que celles qui montrent les Russes sous un jour hideux, alors que les Ukrainiens sont les gentils et les victimes d’une guerre injuste. Pas un mot sur le jeu de stratégie mené en sous-sol depuis des années contre Moscou ; pas un mot sur l’Otan, qui a gonflé à bloc Kiev contre sa voisine.

On sait tous qu’en période de guerre, ce n’est plus l’information qui prime mais la propagande de guerre. On a demandé à notre ami Ferdinand Ditengou Mboumi, journaliste gabonais très connu, spécialiste des relations russo-africaines, de nous en dire plus.

« Depuis la tenue du premier sommet Russie-Afrique de Sotchi en octobre 2019, les deux parties ont exprimé leur volonté à établir un nouveau dialogue beaucoup plus concret dans de nombreux domaines de leur coopération.

« Je dois souligner ici que, Moscou a réussi son pari – rassembler autour de ce rendez-vous, la quasi-totalité des chefs d’Etats et de Gouvernements africains. Donc, les relations entre l’Afrique et la Russie, me semble-t-il, se portent bien et ne devraient souffrir d’aucune ambiguïté. Moscou envisage même être un partenaire incontournable de l’Afrique dans les prochaines années. 

« Cependant, le vote d’une résolution au Nations Unies, le 2 mars 2022 contre la guerre en Ukraine nous a non seulement dévoilé quelques séquelles dans le soutien des pays africains à la Russie : 28 pays africains ont voté pour la résolution de l’ONU, d’autres pays se sont abstenus y compris l’Algérie, ou n’ont pas pris part au vote. Mais, ce vote a une fois de plus démontré les divisions de l’Afrique.

« Pour ce qui est des alliances entre les européens et américains, tout d’abord, j’ai le regret de constater que l’Occident de manière générale, n’a fourni aucun effort pour éviter cette guerre ; au contraire, ceux censés mettre la pression sur Kiev pour faire appliquer l’accord de Minsk n’ont fait qu’activer le feu, en instrumentalisant les différents gouvernements ukrainiens.

« Comme une course de fond, déjà en 1996, Joe Biden avait programmé la provocation de la Russie : La ligne rouge pour Moscou, serait d’étendre l’OTAN aux frontières de la Russie jusqu’aux pays Baltes, disait-il.

« Oui, l’objectif de ce comportement complice et belliqueux des Occidentaux visait depuis le départ – voir depuis l’éclatement de l’Union soviétique en 1991 à nuire par tous les moyens aux intérêts de la Russie. Car comment comprendre que, tous les engagements pris par les Occidentaux après la chute du mur de Berlin n’ont pas été respectés – ils ont été tout simplement ignorés. Pire, les garanties de sécurité exigée par Moscou ont été tout simplement balayées d’un revers de main par Biden et l’OTAN.

« Tout comme il est inconcevable que les Occidentaux aient pu fermer les yeux sur les exactions, la résurgence des mouvements néonazis et tous autres violations des droits humains en Ukraine.  

« L’Occident de mon point de vue, est en train d’appliquer la théorie du politologue américain d’origine polonaise Zbigniew Brzeziński qui fut conseillé à la sécurité de Jimmy Carter de 1977 à 1981 et conseiller politique de Barack Obama. Une théorie développée dans « Le grand échiquier : l’Amérique et le reste du monde ». Selon cette théorie, l’Ukraine représente le nouveau centre géopolitique en Europe – un moyen de dominer et de faire la pression sur la Russie. « Si les Etats Unis arrivaient à mettre l’Ukraine du côté américain, s’en serait fini pour toujours de la puissance russe dans le monde », peut-on lire.

« Mêmes les médias dominants sont mis à contribution. Cent pour cent du narratif de la presse occidentale est actuellement antirusse. Aujourd’hui, aucun élément négatif contre l’Ukraine n’est permis : ni les manifestations xénophobes et racistes envers les étudiants africains et étrangers en Ukraine, encore moins les exécutions sommaires ou le comportement des nationalistes ukrainiens. Dans ce contexte, des millions de personnes sont privés d’une information alternative et contradictoire vu que plusieurs médias russes ont été interdits de diffusion en Occident. Donc impossible de connaitre désormais la version officielle de la partie russe.

Ferdinand Ditengou Mboumi, Journaliste gabonais, spécialiste des relations russo-africaines

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