Hier après-midi, Ahmed Attaf, ministre d’État et chef de la diplomatie algérienne, a posé le pied à Bangui, capitale de la République centrafricaine. Portant un message personnel du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue centrafricain Faustin Archange Touadera, cette visite officielle illustre une nouvelle étape dans l’ambition algérienne de consolider son ancrage diplomatique en Afrique.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette mission, inscrite dans le cadre des relations bilatérales, vise à relancer une coopération jusqu’ici en sourdine. « Il s’agit de renforcer les liens historiques et d’assurer une meilleure coordination face aux défis régionaux », précise la note officielle.
La séance de travail prévue entre Ahmed Attaf et Sylvie Baybou Timon, ministre centrafricaine des Affaires étrangères, mettra sur la table plusieurs dossiers: sécurité régionale, intégration économique, et gestion des crises continentales.
Le moment est stratégique, alors que l’Afrique fait face à une montée des tensions géopolitiques et à des échéances électorales clés au sein de l’Union africaine.
Cette visite s’inscrit dans une tournée africaine plus large qu’Ahmed Attaf mène depuis plusieurs semaines.
Trois objectifs structurent cette offensive : Attaf a systématiquement transmis le message du président Tebboune aux dirigeants africains visités. L’objectif affiché est clair, réaffirmer l’Algérie comme un partenaire incontournable sur le continent.
À Bangui, cela passe par la volonté de renouer avec la République centrafricaine, un pays au cœur des équilibres stratégiques de l’Afrique centrale. Le deuxième enjeu est la candidature de l’Algérie pour la vice-présidence de la Commission de l’Union africaine (UA), dont le vote se tiendra en février 2025. L’Algérie mise sur Selma Malika Haddadi, diplomate chevronnée, pour ce poste crucial.
Ahmed Attaf a plaidé auprès des gouvernements africains pour soutenir cette candidature, affirmant que l’Algérie n’agit pas dans une logique de prestige mais dans un esprit de contribution réelle à la réforme de la Commission.
Attaf souligne que l’Afrique a besoin d’institutions continentales solides, capables de défendre des positions collectives sur la scène internationale. À Bangui, ces priorités seront abordées, notamment dans le contexte des crises qui affectent la région, qu’il s’agisse de la sécurité ou du développement.
Ce n’est pas la première initiative diplomatique algérienne en Afrique ces derniers jours. Il y a quelques jours, Mohamed Meziane, ministre de la Communication et également envoyé spécial du président Tebboune, a remis une lettre officielle au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye.
Les discussions ont mis l’accent sur des projets de coopération économique et culturelle, mais aussi sur une concertation stratégique face aux défis africains communs.
L’Algérie ne cache pas son ambition de jouer un rôle central en Afrique. Dans ce contexte, les relations bilatérales et le positionnement au sein de l’Union africaine sont des piliers essentiels. Le choix de Selma Malika Haddadi comme candidate pour la vice-présidence de la Commission de l’UA reflète cette stratégie.
Son parcours illustre l’expertise algérienne en matière de diplomatie multilatérale. Ahmed Attaf a également insisté sur la nécessité d’une Union africaine capable de répondre aux priorités réelles du continent : lutte contre la pauvreté, intégration économique, et gestion des crises sécuritaires.
« L’Afrique a besoin d’une Commission forte et proactive », a-t-il affirmé lors de ses rencontres, mettant en avant les compétences de la candidate algérienne.
Cette tournée africaine s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large, à l’heure où l’Algérie cherche à redéfinir sa place sur la scène internationale.
Avec des initiatives telles que celles menées par Ahmed Attaf et Mohamed Meziane, le président Tebboune semble miser sur une diplomatie proactive, au service d’une ambition africaine renouvelée.
Les prochains mois, notamment avec le vote à l’Union africaine en février, seront décisifs pour mesurer la portée réelle de cette offensive.
D’ici là, les yeux resteront tournés vers Bangui, où la visite d’Ahmed Attaf pourrait marquer un tournant dans les relations algéro-centrafricaines.