L’Algérie, représentée par son ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a réaffirmé son engagement à partager son expertise en matière de lutte contre le terrorisme
La 42ᵉ session du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur s’est ouverte hier à Tunis. Une réunion de haut niveau où les défis sécuritaires du monde arabe ont été passés au crible. Terrorisme, cybercriminalité, trafic de stupéfiants et coopération régionale étaient au cœur des débats, sous l’égide de la Ligue arabe et en présence d’institutions internationales comme Interpol, Europol et l’ONU.
L’Algérie, représentée par son ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a réaffirmé son engagement à partager son expertise en matière de lutte contre le terrorisme. « L’Algérie n’a jamais hésité et n’hésitera jamais à mettre à disposition son expérience réussie en matière d’éradication du terrorisme », a-t-il martelé devant ses homologues arabes réunis à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis. Une déclaration qui fait écho à une réalité bien connue, avec la décennie noire des années 1990, l’Algérie a été confrontée à une violence extrême avant de réussir, à travers un dispositif combinant répression militaire et processus de réconciliation, à démanteler les réseaux terroristes sur son sol.
Le Conseil, qui ne dure qu’une journée, réunit les ministres de l’Intérieur des États membres ainsi que des délégations sécuritaires de haut rang. Parmi les participants, des figures clés comme Khaled Nouri, ministre de l’Intérieur tunisien, Mohamed Ben Ali Koumane, secrétaire général du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur, ou encore le recteur de l’Université arabe des sciences de la sécurité, une institution saoudienne influente dans le domaine de la formation policière.
Les enjeux sont multiples. Le projet de la 11ᵉ phase du plan de la stratégie arabe de lutte contre l’usage illicite de stupéfiants et de substances psychotropes figure en bonne place parmi les priorités, alors que le monde arabe est confronté à une explosion du trafic de drogues synthétiques, notamment la captagon, produite en masse en Syrie et au Liban avant d’inonder les marchés du Golfe et d’Afrique du Nord.
Autre point sensible, la cybercriminalité. Le Conseil a planché sur la 2ᵉ phase du plan de la stratégie arabe de lutte contre les crimes liés aux technologies de l’information, alors que plusieurs États arabes, dont l’Algérie, sont confrontés à une recrudescence des attaques informatiques, du hacking aux campagnes de désinformation coordonnées sur les réseaux sociaux.
Forte de son expérience dans la lutte contre les groupes armés, l’Algérie s’impose comme un acteur incontournable dans les discussions sécuritaires arabes. La doctrine d’Alger repose sur plusieurs principes clés, souveraineté nationale, refus de toute ingérence étrangère et priorité donnée aux solutions politiques en complément des dispositifs sécuritaires.
Sur le terrain, l’Algérie a renforcé ces dernières années sa coopération avec plusieurs pays du Sahel et du Maghreb en matière de renseignement et de contrôle des frontières. La question sahélienne, bien que non explicitement mentionnée dans les échanges de Tunis, demeure un enjeu majeur pour Alger, qui surveille avec inquiétude la prolifération des groupes armés et la porosité des frontières dans cette région.
À l’aéroport international de Carthage, où il a été accueilli par son homologue tunisien, Merad a insisté sur la nécessité d’un « travail conjoint » pour instaurer des « bases solides de coopération » dans le monde arabe. Mais derrière les déclarations de bonne volonté, la réalité est plus contrastée, rivalités géopolitiques, désaccords sur la gestion des crises régionales et absence de mécanismes de coopération contraignants freinent toute dynamique d’union sécuritaire.
Alors que la rencontre de Tunis s’achève sur des engagements renouvelés, les États arabes sauront-ils dépasser leurs divergences pour bâtir une réponse commune aux menaces qui pèsent sur la région ? L’Algérie, en tout cas, semble déterminée à jouer son rôle.