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Jean-Noël Barrot attendu aujourd’hui à Alger: Une nouvelle page s’ouvre

L’agenda est chargé, les enjeux sont cruciaux, et les regards sont tournés vers Alger. Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, se rendra aujourd’hui à Alger pour une visite officielle à haute teneur politique. C’est le premier déplacement de ce niveau depuis plusieurs mois d’un silence glacial entre Paris et Alger. Une reprise du dialogue qui, cette fois, se fait selon les termes posés par l’Algérie.

L’invitation émane du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf. Trois jours plus tôt, le président Abdelmadjid Tebboune s’est longuement entretenu par téléphone avec son homologue Emmanuel Macron. De cet échange est née une feuille de route ambitieuse, relancer la relation bilatérale sur des bases saines, transparentes et équilibrées. Exit les ultimatums, finie la diplomatie arrogante. Place au dialogue franc, dans le respect mutuel.

Les deux chefs d’État ont été clairs, tous les dossiers sont sur la table. La coopération sécuritaire, suspendue ces derniers mois, doit redémarrer sans délai. C’est une priorité conjointe, notamment sur le volet migratoire. Alger réclame une gestion concertée, fluide et respectueuse des intérêts de chacun, loin des logiques unilatérales et des pressions politiques françaises. Le ton est posé, ferme et assumé.

Autre point brûlant, la coopération judiciaire. L’Algérie a formulé plusieurs demandes d’extradition, restées sans réponse. Le cas d’Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre condamné par contumace à 20 ans de prison pour corruption, est emblématique. Alger attend des actes. Une visite de Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur et de la Justice, est prévue prochainement pour relancer ce dialogue judiciaire suspendu.

Sur le volet mémoriel, la commission mixte d’historiens, annoncée en août 2022 lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron à Alger, sera réactivée. Mais l’Algérie ne transigera pas, il ne s’agit pas d’un exercice symbolique, mais d’un travail de vérité. Les archives doivent être ouvertes, les crimes coloniaux reconnus. La mémoire n’est pas un obstacle au dialogue, elle en est la condition.

Sur le plan économique, Alger entend désormais définir ses priorités souveraines. La France, consciente de la perte de terrain face à d’autres partenaires comme la Chine ou la Turquie, souhaite se repositionner. Mais l’Algérie pose ses conditions. Investissements, transfert de technologies, formation, pas question de répéter les erreurs du passé.

Fait notable, Emmanuel Macron a exprimé le soutien de la France à la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, signé en 2002. Alger souhaite un rééquilibrage profond de cet accord, jugé désavantageux, et Macron s’est engagé à défendre cette révision sur une base gagnant-gagnant.

Au fond, ce déplacement ministériel français illustre une réalité nouvelle  : l’Algérie n’est plus un simple partenaire, mais un acteur central en Méditerranée. Poids diplomatique, stabilité politique, leviers énergétiques. Alger s’affirme, sans crispation mais avec constance. Et cette posture souveraine impose désormais à ses interlocuteurs une refonte de leurs paradigmes.

Jean-Noël Barrot, nouveau venu sur le dossier algérien, arrive avec un ton plus sobre que ses prédécesseurs. Moins de posture, plus d’écoute. Un changement bienvenu. Mais Alger, lucide, n’attend pas des promesses, elle attend des engagements tenus.

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L'express quotidien du 13/08//2025

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