Le ton se veut désormais résolument tourné vers l’apaisement. La visite de Jean-Noël Barrot à Alger fait suite à un récent échange téléphonique entre les deux chefs d’État. Elle s’inscrit dans le cadre d’une feuille de route convenue pour sortir de la crise.
Après huit mois de froid entre Alger et Paris, le dialogue est officiellement relancé. Hier, Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, s’est rendu en Algérie pour une visite à forte charge symbolique, marquée par deux longues rencontres, une première avec son homologue Ahmed Attaf, puis une seconde avec le président Abdelmadjid Tebboune.
Reçu au siège du ministère des Affaires étrangères, puis au palais présidentiel d’El Mouradia, le chef de la diplomatie française a été accompagné par une délégation de haut niveau.
L’audience avec le président Tebboune s’est déroulée en présence de plusieurs responsables algériens, dont le directeur de Cabinet à la présidence, Boualem Boualem, et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane.
Au terme de ces échanges, Jean-Noël Barrot a annoncé, lors d’une déclaration relayée par l’AFP, un « retour à la normale des relations entre l’Algérie et Paris », ainsi que la « réactivation de l’ensemble des mécanismes de coopération » entre les deux pays.
Le ton se veut désormais résolument tourné vers l’apaisement. Après un entretien de deux heures et demie avec le président, Barrot a déclaré : « Avec le président Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de lever le rideau » pour « reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé ».
La France, affirme-t-il, souhaite « tourner la page des tensions actuelles » et relancer une relation bilatérale « dans un souci d’efficacité et de résultats ».
Cette visite, qui fait suite à un récent échange téléphonique entre les deux chefs d’État, s’inscrit dans le cadre d’une feuille de route convenue pour sortir de la crise. Jean-Noël Barrot a précisé que « tous les sujets ont été mis sur la table » lors de son entretien de 1 h 45 avec Ahmed Attaf, ajoutant que l’objectif commun est de « retrouver la dynamique et l’ambition fixées par les deux présidents », lors de la visite d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022.
La coopération judiciaire, elle aussi, est relancée. Une visite du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, est prévue à Alger, en lien notamment avec le traitement du dossier des « biens mal acquis », qui reste un point de friction important.
Sur la question migratoire, Barrot a souligné que les échanges reprendront « dans le cadre des accords existants, via des procédures normales », notamment sur les questions de visas et de réadmissions. Enfin, sur le dossier mémoriel, la commission mixte d’historiens franco-algériens a repris ses travaux.
Se félicitant de cet échange avec Abdelmadjid Tebboune, Jean-Noël Barrot a conclu que « les relations institutionnelles ne sont pas à la hauteur des relations humaines » entre les deux peuples, soulignant l’attachement des familles franco-algériennes à une relation solide et apaisée. Après des mois d’incompréhensions et de crispations, les deux capitales semblent prêtes à renouer les fils d’un dialogue complexe, mais indispensable.