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L’Algérie déterminée à rejoindre les rangs des pays émergents

Le chef de l’État a présidé hier au CIC la 2ᵉ rencontre avec les opérateurs économiques. À cette occasion, il a affirmé que l’Algérie était déterminée à rejoindre les rangs des pays émergents avec un objectif clair, celui d’atteindre un Produit intérieur brut (PIB) de 400 milliards de dollars d’ici fin 2027, appelant à la mobilisation de tous pour le réaliser.

Abdelmadjid Tebboune a livré un discours à la fois offensif et structuré, multipliant les annonces concrètes, les rappels à l’ordre et les appels à l’action. Devant un parterre d’investisseurs, de chefs d’entreprises et de responsables institutionnels, le président algérien a brossé un tableau sans concession de l’économie nationale, insistant sur les priorités urgentes et les dérives persistantes.

L’intervention présidentielle a été marquée par la dénonciation de certaines pratiques d’exportation. Le chef de l’État a fustigé le bradage des produits agricoles, citant l’exemple des dattes algériennes vendues à 40 dinars l’unité sur les marchés étrangers. « C’est un crime contre l’image du pays », a-t-il asséné, appelant les exportateurs à se doter d’un organisme de régulation pour encadrer leurs transactions et instaurer des règles de transparence.

Il a aussi dénoncé «  la logique des failles  » adoptée par certains opérateurs qui cherchent à contourner les lois du marché et les dispositifs d’importation. À ce titre, il a rappelé que l’État ne visait aucun profit sur la vente du foncier à usage économique, soulignant que son objectif était de faciliter l’investissement productif. « L’initiative d’investissement doit être libérée, pas entravée », a-t-il affirmé.

L’Agence de promotion de l’investissement (AAPI) a été au cœur des critiques présidentielles. Le président Tebboune s’est étonné que cette structure ait enregistré des dizaines de milliers de projets sans disposer du foncier nécessaire à leur concrétisation. Il a appelé à une redéfinition de son rôle et à la mise en place effective du guichet unique comme solution structurelle, soulignant que l’AAPI ne pouvait porter seule les attentes nationales.

Plus largement, le chef de l’Etat a pointé les pratiques de spéculation et les abus de procédures comme principaux obstacles au développement économique. Il a martelé que « personne ne [lui] fera importer des pommes de terre », dénonçant une situation où la régulation des prix des produits de base relève encore de l’intervention directe du chef de l’État.

Tebboune a ordonné la création, avant la fin mai, de deux nouveaux organismes, l’un chargé de réguler les importations, l’autre dédié à l’organisation des exportations. Il a invité les opérateurs économiques à investir dans la création de banques privées, rappelant que d’importantes sommes d’argent demeuraient «  stockées dans les sous-sols  » et devaient être réinjectées dans l’économie nationale.

Autre appel, celui lancé en direction des investisseurs dans le transport maritime, un secteur jugé stratégique. Le chef de l’État a souligné les efforts en cours pour développer les infrastructures logistiques, annonçant que le chemin de fer atteindra la wilaya de Béchar d’ici la fin de l’année, facilitant l’acheminement du minerai de fer vers les zones industrielles.

L’Algérie affiche un taux d’autosuffisance de 81 % en blé dur et produit 41 millions de tonnes de ciment par an. Selon le président, le recul conjoncturel des exportations hors hydrocarbures (qui avaient atteint 7 milliards de dollars) s’explique par des facteurs objectifs. Il s’est aussi félicité d’une économie «  assainie  », évoquant une économie de 1,2 milliard de dollars cette année et une facture d’importations passée de 60 à 40 milliards de dollars depuis le Hirak.

Abordant le cas de l’agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX), le président Tebboune a dressé un constat implacable. « ALGEX, c’est fini », a-t-il lancé sans détour, estimant que la structure ne joue plus aucun rôle utile dans l’économie nationale. Il a critiqué son fonctionnement bureaucratique et déconnecté des réalités du terrain, allant jusqu’à qualifier ses responsables de «  dinosaures  », symbole d’un appareil administratif figé et dépassé. « Ce sont des étudiants qui écrivent des textes comme s’ils faisaient un exposé », a-t-il ajouté, dénonçant une approche purement théorique sans impact concret pour les opérateurs économiques. Pour Tebboune, il est temps de tourner la page d’une institution «  qui ne fait rien  » et de mettre en place des mécanismes plus efficaces pour soutenir les exportateurs algériens.

Il a appelé à la responsabilité des importateurs, rappelant que tout produit fabriqué localement et disponible en stock ne devait plus être importé. Il a aussi mis en avant les efforts déployés pour faciliter l’obtention de visas aux investisseurs étrangers, désormais possibles directement dans les aéroports. Enfin, il a exhorté les chefs d’entreprise à renforcer l’esprit patriotique, réaffirmant que l’avenir économique du pays passait par leur implication pleine et entière. « L’État fait sa part. À vous de faire la vôtre », a-t-il conclu, dans un message de mobilisation générale.

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L'express quotidien du 16/06//2025

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