La seconde rencontre des opérateurs économiques du CREA avec le président de la République Abdelmadjid Tebboune, tenue dimanche, a encore ciblé un phénomène récurrent qui fait mal autant aux Algériens qu’à leur économie : un Léviathan nommé bureaucratie.
En dépit des appels et des efforts des pouvoirs publics, et jusqu’au président Tebboune, qui avait lors d’un conseil des ministres au mois de février dernier appelé à la fin de ces pratiques bureaucratiques d’un autre âge et dommageables pour l’économie nationale, le même phénomène a été dénoncé lors de cette rencontre par le patron du CREA, Kamel Moula.
Le constat du président du CREA est en fait alarmant : « La persistance de la bureaucratie dans certaines administrations et établissements bancaires a influé négativement sur les efforts fournis. Monsieur le Président, vous avez dénoncé plus d’une fois l’incapacité de l’administration à suivre vos orientations, et malgré tous vos efforts pour inciter les responsabilités, les opérateurs économiques continuent à faire face à la bureaucratie de l’administration, notamment à des lenteurs dans l’étude des dossiers, qui restent parfois sans réponse, ce qui cause un énorme préjudice ».
Cet appel poignant d’un opérateur économique est en fait un exemple grandeur nature des difficultés rencontrées par les investisseurs, les opérateurs économiques dans la concrétisation de leurs projets. Ils sont donc face à un mur nommé administration qui, par ailleurs, bloque tout simplement les investissements créateurs de richesse et ralentit dans le même mouvement la croissance économique du pays.
Constat amer d’une administration, d’une bureaucratie qui a pris les contours d’un ennemi public N° 1 qui menace la vie tout simplement des Algériens et hypothèque leur avenir. En réponse à l’appel pathétique du patron du CREA, le président Tebboune a fait ce terrible constat : ‘’il y a encore des dysfonctionnements dans certaines institutions de l’État qui ne se sont pas adaptées à la nouvelle dynamique’’, et a pointé du doigt ‘’les lenteurs de certaines administrations à la nostalgie du passé’’, et a assimilé ‘’ces pratiques (du passé) à du sabotage’’.
En annonçant la création prochainement d’un guichet unique pour les investisseurs, le président Tebboune a expliqué que c’était là une ‘’solution radicale aux problématiques bureaucratiques qui freinent actuellement les investissements’’. Face aux errements bureaucratiques de l’AAPI, vertement critiquée par le chef de l’État, les investisseurs auront comme accompagnateur une seconde structure, un guichet unique.
Est-ce pour autant la fin de l’hydre bureaucratique ? Il faut l’espérer, car lors d’un conseil des ministres tenu fin février dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait réaffirmé son engagement à éradiquer la bureaucratie et avait donné des instructions claires pour accélérer la numérisation de l’administration et simplifier les procédures pour les citoyens et les investisseurs. A-t-il été, depuis, écouté ? Wait and see.