Bruxelles a accueilli, hier, la 3e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE). L’Algérie y était représentée par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf. Il est intervenu lors de la table ronde dédiée à la thématique « Paix, sécurité et gouvernance ».
Dans son intervention, Attaf a souligné « la nécessité d’établir un partenariat efficace entre l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE), fondé sur le principe « solutions africaines aux problèmes africains » », tout en appelant à l’appui de « nos amis et partenaires engagés à accompagner l’Afrique face aux défis de l’heure ».
Le ministre algérien a identifié « trois facteurs critiques qui caractérisent désormais le paysage africain en matière de paix et de sécurité ». Le premier facteur est l’augmentation sans précédent des crises sur le continent. Il a précisé que « l’Afrique n’a jamais été confrontée à un nombre aussi élevé de foyers de tension, de crises et de conflits simultanés ».
Il a cité notamment les régions du Sahel, de la Corne de l’Afrique, des Grands Lacs et certaines zones d’Afrique du Nord. « L’instabilité s’accélère, mettant en péril la vie de millions de personnes et hypothéquant l’avenir de tout le continent », a-t-il affirmé. Le deuxième facteur est lié à la montée du terrorisme.
M. Attaf a déclaré que « le terrorisme est devenu la première menace pour la paix et la sécurité en Afrique ». Il a précisé que « le continent enregistre aujourd’hui plus de la moitié des décès liés au terrorisme dans le monde », ajoutant que « la région du Sahel est tragiquement devenue l’épicentre du terrorisme mondial ».
Le troisième facteur évoqué par le ministre concerne la faiblesse de la diplomatie africaine face à cette détérioration. « Alors que ces défis s’aggravent et se multiplient, notre diplomatie collective reste à la traîne », a-t-il dit. Selon lui, « les efforts de médiation et les processus de paix sont restés en décalage avec l’aggravation de la situation, laissant un vide propice à l’expansion des forces de déstabilisation ». Face à cette situation, M. Attaf a exprimé la position de l’Algérie.
« L’Algérie croit fermement en la nécessité impérieuse d’insuffler une nouvelle dynamique à notre partenariat », a-t-il déclaré. Il a insisté sur « l’impératif d’établir un partenariat efficace fondé sur le principe de solutions africaines aux problèmes africains, avec l’appui de nos amis et partenaires engagés à accompagner l’Afrique pour faire face aux défis auxquels elle est confrontée et réaliser ainsi les aspirations que nous partageons tous ».
Attaf a également affirmé que ce partenariat permettrait « de redonner à la diplomatie son rôle central au cœur de nos actions collectives pour faire face aux foyers de tension en Afrique et prévenir l’apparition de nouveaux conflits ».
Il a ajouté que ce partenariat « renforcera de manière optimale et durable les processus de maintien de la paix de l’UA, aux fins de faire face au terrorisme et aux autres menaces nouvelles et croissantes ».
Il a aussi appelé à « investir davantage dans la consolidation de la stabilité à travers le développement, considéré comme la voie la plus sûre et la plus efficace pour réaliser la paix durable et pérenne, non seulement en Afrique, mais dans le monde entier ».
En marge de la réunion, M. Ahmed Attaf s’est entretenu avec le ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, Johann Wadephul. Il l’a félicité pour sa nomination et a abordé avec lui les différents aspects des relations de coopération entre l’Algérie et l’Allemagne.
Les deux responsables ont également évoqué les prochaines échéances bilatérales. Le ministre algérien a également eu un entretien avec la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Mme Kaja Kallas.
Cette rencontre a permis « de passer en revue les différents aspects des relations de coopération et de coordination unissant l’Algérie et l’Union européenne », selon un communiqué du ministère.
Les deux parties ont discuté de la réactivation des mécanismes institutionnels du partenariat algéro-européen. Elles ont également abordé la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE, afin de « conférer à ce partenariat l’équilibre escompté, notamment dans son volet économique ».
La situation en Libye et les tensions dans la région du Sahel ont aussi été abordées lors de cet échange, qui a permis un « échange de vues et d’analyses sur nombre de questions d’actualité ».
La réunion ministérielle UA-UE a permis d’évaluer la mise en œuvre des conclusions du sixième sommet UA-UE de février 2022. Quatre grandes thématiques ont structuré les travaux : « Paix, sécurité et gouvernance », « Multilatéralisme », « Réalisation de la prospérité », ainsi que « Populations, migration et mobilité ».
Dans ce cadre, Attaf a mis en lumière la nécessité de renforcer le rôle de la diplomatie et des mécanismes de maintien de la paix dirigés par l’UA. Il a conclu en soulignant que « le développement est la voie la plus adéquate et la plus efficace pour instaurer une paix durable en Afrique et dans le monde entier ».