À l’occasion de la rencontre consacrée aux défis sécuritaires dans la région sahélienne, organisée en marge de la Journée de l’Afrique, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a livré une intervention à la hauteur des responsabilités historiques et géopolitiques que revendique l’Algérie dans cet espace stratégique.
Il y a réaffirmé une conviction profonde : dans un Sahel fragmenté, miné par l’instabilité politique, les menaces transnationales et les velléités d’ingérence, seule une approche fondée sur la patience, la sagesse et la lucidité peut prétendre à une résolution durable des crises.
La patience, qualifiée par Attaf de « capital inépuisable » de l’Algérie, n’est pas ici une posture d’attente ou d’évitement, mais une ressource diplomatique patiemment construite.
Elle s’appuie sur l’expérience, sur la mémoire des épreuves traversées et sur la constance d’une doctrine étrangère centrée sur la souveraineté des peuples, le refus des solutions imposées et la promotion du dialogue interafricain. À rebours des logiques d’alignement ou d’instrumentalisation des conflits, Alger persiste à tendre la main à ses voisins, dans « un esprit de solidarité, de soutien et de fraternité », comme l’a rappelé le ministre.
L’Algérie, fidèle à cette ligne, s’efforce de maintenir des passerelles ouvertes avec l’ensemble des acteurs de la région, y compris ceux que d’autres chancelleries préfèrent ignorer ou sanctionner. Cette diplomatie du lien, bien plus exigeante que la rhétorique du retrait ou du blâme, suppose de croire en une communauté de destin entre les peuples du continent, ce que le ministre a rappelé en évoquant la « foi profonde » dans l’unité historique et politique de l’Afrique.
Cette orientation ne se comprend que dans le prolongement d’une histoire, celle d’un pays qui a fait de la libération nationale une matrice politique et qui continue de croire en « l’unité de l’héritage historique, des aspirations et du destin des peuples africains ». L’Algérie ne joue pas un rôle périphérique dans les affaires africaines ; elle en revendique la centralité, au nom d’une identité continentale enracinée et d’un projet politique cohérent.
C’est aussi ce que souligne l’importance donnée à la Journée de l’Afrique et au souvenir fondateur de la création de l’Organisation de l’unité africaine, le 25 mai 1963. Mais pour Attaf, cette commémoration ne peut être figée dans la nostalgie. Elle doit, au contraire, être l’occasion de prendre la pleine mesure des défis contemporains (fragmentation sécuritaire, rivalités géopolitiques, fragilité institutionnelle) et de renouveler l’engagement collectif à y faire face, dans un esprit de responsabilité et de coopération.
Face à la compétition de puissances et à l’affaiblissement des institutions régionales, l’Algérie n’entend pas céder à la tentation du repli. La main tendue d’Alger ne relève pas d’un automatisme diplomatique, elle incarne une ligne de résistance, fondée sur le refus de l’ingérence, la priorité au politique et la fidélité à une mémoire de luttes partagées.