Tounsi Lebchar, porte-parole de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF), nous livre dans cet entretien les raisons qui font qu’une partie des candidats aux examens du BEM recourt à la triche. Le syndicaliste suggère d’accompagner les mesures coercitives par des réformes pédagogiques et un travail de sensibilisation pour éradiquer le phénomène de la triche aux examens.
L’EXPRESS : Les épreuves du brevet d’enseignement moyen (BEM) débuteront ce dimanche, alors que celles du baccalauréat auront lieu entre le 15 et le 19 juin prochain. La session 2025 connaîtra-t-elle des nouveautés ?
Tounsi Lebchar : Aucun changement n’est prévu par rapport aux sessions précédentes. Les services du ministère de l’Éducation nationale ont mobilisé tous les moyens et pris toutes les mesures et dispositions pour assurer le bon déroulement des épreuves du BEM et du bac, session juin 2025. Le personnel encadrant et enseignant est à pied d’œuvre pour garantir la réussite de cet événement éducatif.
Bien que le secteur de l’éducation ait connu quelques perturbations au lendemain de l’adoption du statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l’Éducation nationale, ces mouvements de protestation n’ont pas impacté le déroulement de la scolarité des élèves, car les enseignants en particulier n’ont ménagé aucun effort pour rattraper les cours perdus.Cela se traduit par l’achèvement du programme dans les délais impartis, que ce soit en cycle moyen ou secondaire. Certains enseignants ont même effectué une révision des cours avec leurs élèves. Quant aux élèves, ils sont appelés à se concentrer sur la révision et la préparation et à éviter d’interagir avec les faux sujets circulant sur les réseaux sociaux.
Depuis 2020, les pouvoirs publics infligent de lourdes sanctions contre les auteurs de fraudes et les diffuseurs de sujets sur les réseaux sociaux. Mais des cas de fraude isolés sont signalés à chaque session…
En plus des sanctions administratives, les tricheurs au BAC et au BEM ont fait pour la première fois en 2020 l’objet de poursuites judiciaires. Ces mesures coercitives ont pour objectif d’éradiquer notamment la triche qui entache les examens nationaux. On observe une tendance à la diminution, mais des cas sont signalés, notamment aux épreuves du bac. Espérant que les pouvoirs publics parviendront à éradiquer ce phénomène qui ternit l’image de l’école algérienne, la transparence et la régularité des examens de fin d’année et impacte négativement les candidats. Les causes du phénomène de la triche aux examens sont multiples et complexes. Elles sont liées à des facteurs individuels ainsi qu’à la pression que subissent les candidats. Ils veulent, coûte que coûte, réussir leurs examens et font recours à la solution facile qui est la triche, alors que, normalement, ils doivent fournir des efforts pour avoir les meilleures notes.
Pour le moment, les pouvoirs publics sont sur la bonne voie, sachant que l’éradication de ce phénomène exige l’implication de toutes les parties de la famille de l’éducation.
Ne trouvez-vous pas judicieux de multiplier les campagnes de sensibilisation, outre les mesures coercitives ?
Certes, les sanctions contre les fraudeurs sont importantes pour garantir l’intégrité des examens et assurer une évaluation juste et équitable de tous les candidats. Mais les mesures coercitives ne suffisent pas à elles seules pour contrecarrer la triche. Il est primordial de sensibiliser les candidats, dans un cadre pédagogique étudié, pour que cette stratégie porte ses fruits. Les élèves se plaignent notamment des programmes chargés et du nombre important des matières sur lesquelles ils sont examinés lors des épreuves.
C’est ce qui justifie le recours à la triche ?
Pour ceux qui attendent la dernière minute pour la révision, ils peuvent recourir à la triche comme solution de facilité pour passer à un niveau supérieur.
Je pense qu’il est temps de revoir le système éducatif, de réviser les programmes d’enseignement et de réformer le baccalauréat en élaborant, notamment, des fiches de synthèse qui permettront aux candidats d’accéder à l’université grâce à la moyenne obtenue durant l’année scolaire, avec celle de l’épreuve du bac. Je pense qu’il est nécessaire de prendre en compte les moyennes des examens trimestriels dans le calcul de la moyenne de passage à l’université.
Quid du bac spécifique pour les régions du sud ?
C’est ce qui est réclamé par certaines parties. Nous souhaitons garder le caractère national et unifié du bac, mais à condition d’avancer la date de son organisation à la première semaine de juin, où les températures sont plus ou moins acceptables pour le personnel et les candidats de ces régions. Mais dans le cas où ces calendriers sont maintenus, l’Unpef ne trouve pas d’inconvénient que le ministère aménage un calendrier spécial pour les régions du sud qui connaissent de fortes chaleurs. Bien que le ministère de l’Éducation équipe les écoles en moyens nécessaires comme les climatiseurs, le climat impacte négativement le personnel encadrant et les candidats, notamment pour les épreuves organisées en mi-juin. Il ne faut pas que la chaleur porte atteinte à l‘égalité des chances entre les élèves du nord et ceux du sud du pays.