À quelques jours de la Journée nationale de l’artiste, célébrée chaque 8 juin, l’établissement public de télévision (EPTV) a rendu un hommage officiel et émouvant à Akli Yahyaten, chanteur engagé et ancien moudjahid. La cérémonie s’est tenue mercredi 29 mai à Alger, à l’hôtel El Aurassi, en présence de plusieurs artistes, responsables du secteur culturel et proches du chanteur.
À 92 ans, Akli Yahyaten reste une figure incontournable de la chanson algérienne. Il est l’un des rares artistes à avoir chanté pour l’indépendance pendant la guerre de libération. Son engagement artistique et politique s’étend sur plus de sept décennies. Il a commencé à chanter dès les années 1950, alors qu’il militait au sein de la Fédération de France du FLN. À cette époque, il parcourait cafés, restaurants et cercles de soutien pour collecter des fonds au profit de la Révolution. Il y chantait aussi, pour transmettre l’espoir et la résistance à travers des textes engagés.
Très ému par cette reconnaissance, le chanteur a déclaré devant le public : « J’ai tout fait pour servir l’Algérie et m’acquitter de mon devoir national ». Il s’est souvenu de son engagement politique, de ses arrestations par la police coloniale et de ses premières chansons écrites en prison. En 1959, pendant sa détention, il compose Djahagh Bezzaf, un titre fondateur de son parcours.
La cérémonie a rassemblé plusieurs personnalités de la culture, dont Mohamed Beghali, directeur général de l’EPTV, et Kacem Bahmani, directeur de la chaîne TV4. Cette dernière retransmettra l’hommage à l’occasion de l’Aïd al-Adha. « Il s’agit de distinguer 70 années de créativité et de dévouement, mais aussi de rappeler que la Révolution algérienne a rassemblé toutes les forces vives du pays, y compris les artistes », a souligné Kacem Bahmani.
Plusieurs chanteurs et musiciens ont participé à cet hommage, dont sa fille, la chanteuse Nora Yahyaten, ainsi qu’Abbès Naït Rzine, Nordina, Kamel Aziz, Makhlouf et Kamel Gharbi. Ils ont interprété, avec respect et émotion, quelques-unes des chansons les plus célèbres d’Akli Yahyaten. Cet hommage artistique intergénérationnel a permis de faire découvrir ou redécouvrir une œuvre marquée par l’amour de la patrie, la lutte, mais aussi la douleur de l’exil et de la répression.
Né en 1933 à Michelet (aujourd’hui Aïn El Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou), Akli Yahyaten s’engage très jeune dans la lutte anticoloniale. Il est arrêté plusieurs fois à cause de son activité militante. Sa musique accompagne dès le départ son engagement politique. Il ne sépare jamais l’art de la cause nationale.
Parmi ses chansons les plus marquantes, on retient Zrigh Ezine di Michelet, Thamourt Idourar, et surtout El Menfi, une œuvre puissante qui évoque le sort des déportés algériens envoyés en Nouvelle-Calédonie par les autorités coloniales. Cette chanson est devenue l’un des symboles de la mémoire populaire algérienne.
En lui rendant hommage, la Télévision algérienne reconnaît non seulement la valeur d’un artiste, mais aussi celle d’un homme qui a mis sa voix et son talent au service de la liberté. Pendant 70 ans, Akli Yahyaten a chanté pour son peuple, contre l’oubli et pour la mémoire. Il a prouvé que la chanson pouvait être un moyen de résistance, un acte de transmission, un outil pour dire ce que l’histoire officielle oublie parfois.
À l’approche de la Journée nationale de l’artiste, célébrée chaque 8 juin, l’hommage rendu à Akli Yahyaten prend une dimension symbolique forte. Cette date, dédiée à la reconnaissance du rôle des artistes dans l’histoire et la vie culturelle du pays, rappelle combien la création a accompagné les grandes étapes de la nation. À travers cet hommage, c’est toute une génération d’artistes résistants qui est saluée.