La Caisse nationale d’équipement pour le développement (Cned), chargée de l’optimisation et du contrôle des coûts des grandes infrastructures publiques, suit actuellement une cinquantaine de projets totalisant plus de 6 400 milliards de dinars. C’est ce qu’a indiqué son directeur général, Mohamed Salim Telidji, dans une déclaration à l’APS.
Créée en 2006, la Cned relève du ministère des Finances. Sa mission est de garantir une gestion rigoureuse des dépenses publiques dans le secteur des infrastructures, en analysant les études techniques et en contrôlant les coûts.
Selon M. Telidji, les projets en cours de suivi par la Cned représentent une autorisation d’engagement globale de plus de 6.400 milliards de dinars. Ils concernent plusieurs secteurs clés. Le secteur des travaux publics et des infrastructures de base regroupe à lui seul 33 projets, soit plus de 78 % du portefeuille.
Le secteur de l’hydraulique comprend 11 projets, tandis que celui de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville en compte 6. Ces projets couvrent notamment la réalisation de grandes liaisons autoroutières, de lignes ferroviaires, de réseaux de tramway et de métro.
D’autres concernent la construction de barrages, de stations de dessalement d’eau de mer et de réseaux de transfert hydraulique. Sont également concernés des projets de villes nouvelles et des équipements publics structurants. La Cned adopte une approche fondée sur l’efficience de la dépense publique.
Elle examine les études de faisabilité, les choix techniques et les coûts des projets financés par le budget de l’État. Son objectif est de prévenir les risques de surcoûts et de dépassements de délais. « L’objectif est d’avoir une vision complète de l’avancement des projets, en termes de coûts, de délais et de qualité.
Cela permet d’identifier les difficultés rencontrées par les maîtres d’ouvrage et de leur proposer des recommandations concrètes », a expliqué M. Telidji. Depuis le début de l’année 2024, la Cned a examiné plus de 30 dossiers d’études portant sur une vingtaine de projets d’infrastructures. Depuis sa création, elle a analysé les études de près de 180 grands projets d’équipement public.
Le directeur général souligne aussi que les maîtres d’ouvrage sont de plus en plus conscients de l’importance de bien préparer les projets en amont. Il note un progrès dans l’investissement dans les études de faisabilité, les études d’impact environnemental et social, ainsi que dans les études techniques détaillées.
« Nous constatons un progrès progressif en matière d’ingénierie, de conseil et d’expertise locale. Les guides de gestion que nous avons élaborés, ainsi que l’adoption de bonnes pratiques, ont permis une meilleure maturation des projets », a-t-il précisé. Le développement du Partenariat public-privé (PPP) fait également partie des priorités de la Cned.
Selon M. Telidji, ce mode de financement alternatif constitue un axe majeur des réformes structurelles visant à diversifier l’économie nationale. Il a rappelé que la Cned a participé, sous la direction de la Direction générale du budget (DGB), à l’élaboration d’un avant-projet de loi sur le PPP.
Ce texte est actuellement en phase d’enrichissement, conformément aux orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. L’Algérie dispose déjà d’une expérience en matière de PPP.
Plusieurs projets ont été réalisés avec succès ces deux dernières décennies, notamment dans le domaine des stations de dessalement d’eau de mer et des centrales électriques.
D’autres contrats de gestion de la distribution d’eau ont été conclus dans les wilayas d’Alger, Tipaza, Constantine, Oran et Annaba. Des concessions de terminaux à conteneurs ont également été attribuées dans les ports d’Alger et de Djen Djen. « L’expérience accumulée dans ce domaine est un capital précieux.
Pour réussir les futurs PPP, il est indispensable de mettre en place un cadre législatif cohérent, en phase avec les réglementations sectorielles et les textes régissant les marchés publics. Il faut aussi améliorer le climat des affaires et le cadre institutionnel », a souligné M. Telidji.
Pour renforcer le suivi des projets, la Cned prépare le lancement d’une plateforme numérique dédiée à la gestion et au suivi des grands chantiers. Cette application permettra aux partenaires institutionnels, en particulier aux ministères et aux maîtres d’ouvrage délégués, de transmettre à la Cned les dossiers d’études et les données des projets.
En retour, les utilisateurs auront un accès direct aux rapports d’analyse, aux documents techniques produits par la Cned, ainsi qu’aux indicateurs de performance des projets. Ces informations seront consultables en temps réel. Cette initiative vise à améliorer la transparence, la réactivité et l’efficacité du suivi des grands projets d’équipement public.