Au soir du 8 avril dernier à Alger est née l’idée folle pour l’Algérie de se lancer dans la fabrication de l’un des éléments vitaux, sinon fondamental, des véhicules électriques, qu’ils soient des voitures de luxe ou des engins de travaux publics ou des trains : la batterie au lithium.
C’est après la rencontre entre le président de la République M. Abdelmadjid Tebboune et le chercheur et scientifique algérien le Pr Karim Zaghib, établi au Canada, qu’est ainsi né ce projet de mise en valeur des gisements algériens de lithium pour notamment la mise en place d’une industrie nouvelle, celle de la fabrication des batteries au lithium pour voitures électriques, un projet d’ailleurs novateur qui va donner à l’industrie algérienne une autre envergure pour la faire entrer dans la cour des grands.
C’est en fait la société nationale de recherche et d’exploitation minière (SONAREM) qui va se lancer dans ce projet, de la phase d’extraction du minerai à la phase finale avec le produit fini, c’est-à-dire la batterie au lithium.
Le président Abdelmadjid Tebboune avait renouvelé au professeur Zaghib la confiance des plus hautes autorités du pays pour la mise en place en Algérie de projets liés à cette nouvelle filière industrielle, dont les batteries pour voitures.
Le Pr Karim Zaghib a ainsi parlé des perspectives prometteuses pour le développement de la filière lithium en Algérie à travers la création d’un tissu industriel permettant de fabriquer localement des batteries alimentées par ce minerai. Il a expliqué que le président de la République avait écouté ses propositions concernant les moyens à même de permettre de développer la filière lithium et de fabriquer ce type de batteries, à travers « une exploitation optimale des mines de lithium, de fer et de phosphate ».
Le Pr Zaghib a en outre indiqué qu’un travail était en cours, en coordination avec le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables et le groupe Sonarem, pour « la production, dans un premier temps, de l’acide phosphorique, avant la production de batteries lithium », précisant que la filière lithium en Algérie « peut générer plus de 50 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects ».
Il a également parlé des « grandes potentialités dont dispose l’Algérie dans ce domaine » en plus de ses cadres et de ses jeunes compétences.
L’Algérie place en fait beaucoup d’espoirs dans le développement de cette filière, d’autant que toutes les voitures électriques dans le monde sont alimentées en énergie à partir de batteries en lithium qui servent en fait de moteur.
Dès lors, la filière a un énorme potentiel devant elle en Algérie, qui peut devenir rapidement un pays producteur et fournisseur mondial de batteries au lithium. En fait, explique le professeur Zaghib, l’Algérie a l’« écosystème » nécessaire pour asseoir une industrie de la batterie.
La transformation du lithium algérien a été au centre de discussions en mars dernier entre le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) et des représentants d’une entreprise chinoise basée aux États-Unis, Austroid Corporation. « La technologie pour faire la transformation du lithium n’est pas compliquée », a assuré Karim Zaghib, selon lequel une telle industrie « va positionner l’Algérie comme un producteur potentiel dans les prochaines années ».
En outre, l’Algérie possède les terres rares et, préconise-t-il, il lui faut un « plan stratégique pour l’accélération de la transformation du lithium et des métaux rares ».
Le Pr Karim Zaghib est en fait chargé de mettre en place et de piloter l’équipe qui prendra en charge le projet. « Les portes sont ouvertes, je remercie le président de la République (…) Il y a une volonté », souligne-t-il.
En face, la Sonarem s’active pour asseoir le projet : « Nous nous sommes mis d’accord avec notre chercheur pour faire la transformation du fer et du phosphate, en attendant de confirmer notre potentiel géologique en lithium », explique le PDG de l’entreprise, Belkacem Soltani.
Cette étape initiale n’est pas un palliatif, mais une pierre angulaire stratégique, visant à maîtriser les processus de transformation essentiels à l’industrie des batteries. Les dérivés du fer et du phosphate sont, en effet, des précurseurs indispensables à la fabrication des anodes et cathodes, des composants critiques de toute batterie.
En fait, la Sonarem mène actuellement des études géologiques intensives pour évaluer le potentiel exact des gisements de lithium sur le territoire national. « Notre potentiel géologique en lithium se trouve au niveau des chotts et des roches du Hoggar », précise M. Soltani. Ces études sont primordiales et positionneront l’Algérie comme un acteur majeur dans l’industrie des batteries électriques à l’échelle mondiale, une fois les réserves confirmées et quantifiées, selon le même responsable.
Dès lors, la mise en place d’une industrie à base de lithium pour la fabrication de batteries de voitures, de téléphones portables et de tous les appareils informatiques (PC portables, tablettes, liseuses, etc.) et jusqu’aux appareils électriques les plus sophistiqués de l’industrie aéronautique et spatiale est à portée de main.