Dans cet entretien, le SG du syndicat autonome des travailleurs de l’éducation (SATEF) se montre confiant quant à la capacité des autorités compétentes à assurer le bon déroulement des examens du bac. L’enseignant en mathématiques nous explique également pourquoi les élèves ont un problème avec cette matière et propose de réintroduire le cours de la logique et les méthodes de démonstrations, supprimés du programme scolaire il y a de longues années.
L’EXPRESS : Les épreuves du bac commencent aujourd’hui. Comment évaluez-vous les conditions dans lesquelles se prépare cet examen national ?
Boualam Amoura : Bien que le ministère dispose de femmes et d’hommes qui ont toujours relevé le défi de l’organisation des examens officiels, il n’en demeure pas moins qu’on relève toujours des insuffisances, à l’exemple du manque d’eau fraiche dans certains centres d’examen, de l’absence de climatisation, notamment dans les wilayas du sud connues pour leur chaleurs caniculaires,et aussi de la qualité piètre du repas froid offert aux candidats.Il faut revoir ce système de restauration en signant des conventions avec des traiteurs.
Nous avons également un problème dont personne ne parle. Il s’agit des candidats libres qui n’ont le droit ni à la restauration ni au transport. Il faut aussi remédier à ce problème, en invitant les candidats libres à payer et à bénéficier de la restauration et de l’hébergement.
Qu’en est-il de l’aspect lié à la sécurisation des examens du bac ?
D’après l’expérience acquise, l’examen du bac sera totalement sécurisé, en termes de transport, de sauvegarde et de distribution des sujets. D’ailleurs, au cours des dernières années, aucune fuite de sujet n’a été enregistrée. Je dirai donc que, même pour cette session, il n’y aura pas de problème de sécurisation de l’examen du bac.
Mais des cas de fraude et des condamnations ont été enregistrés au BEM, bien que la justice frappe d’une main de fer. Pourquoi le recours à la triche, selon vous ?
Certains candidats sont tentés par la triche. Et il ne faut pas oublier que les candidats sont soumis à 5 jours de stress quotidien et ont beaucoup de matière sur lesquelles ils seront examinés.
C’est pour cela qu’ils sont tentés par la triche. Le SATEF a proposé la réorganisation du baccalauréat avant d’aller vers une refonte de l’enseignement secondaire. Ce qu’on regrette également est le recours des autorités à une solution extrême ; celle des coupures d’internet pendant les épreuves du baccalauréat pour lutter contre ce phénomène, alors que le ministère s’engage à équiper les centres d’examens des brouilleurs pour lutter contre la fraude lors des examens nationaux.
Concernant les mesures prises pour la crédibilité des examens nationaux, le SATEF désapprouve les sanctions pénales et se positionne en faveur des sanctions administratives. On ne peut concilier l’emprisonnement, notamment, de mineurs pour le délit de triche. Nous sommes pour l’exclusion immédiate de ceux pris en flagrant délit de triche et leur privation de la possibilité de repasser l’examen pendant une période déterminée.
Vous êtes enseignant de mathématiques. Cette matière est considérée comme difficile par de nombreux candidats…
L’enseignement des maths a beaucoup changé en Algérie. Nous sommes passés d’un enseignement basé sur l’analyse, la logique et les théorèmes à une approche d’enseignement digne d’une matière littéraire que scientifique qui empêche l’élève de faire appel à son intelligence. La suppression du cours de logique du système éducatif algérien a fait que l’élève d’aujourd’hui ne fait qu’apprendre, alors que c’est une démarche fausse en mathématiques. C’est pour cela d’ailleurs que les élèves sont constamment confrontés à des difficultés avec les sujets de maths proposés aux examens nationaux. Les candidats souhaitent que les sujets soient une copie conforme à ce qui est fait en classe, alors que les maths ne se limitent pas à la mémorisation, son apprentissage implique la compréhension des concepts, la résolution de problèmes et le développement d’un raisonnement logique. Nous demandons vivement la réintroduction du cours de logique et des méthodes de démonstration.
Depuis 2021, le ministère de l’Enseignement supérieur adopte un mode d’orientation basé sur le calcul de la moyenne pondérée. Au départ, des voix se sont élevées pour réclamer sa suppression. Qu’en pense le Satef ?
La moyenne pondérée permet de mieux cerner les capacités du bachelier. Pour prétendre aux spécialités médicales et sciences vétérinaires, l’élève doit avoir d’excellentes notes en matières essentielles, d’autant que l’élève de classe terminale n’a pas le profil d’un élève scientifique. Lorsqu’on calcule la somme des coefficients des matières non essentielles, on trouve qu’elle est supérieure à la somme de coefficients des matières essentielles. Raison pour laquelle nous demandons de rester et de reconduire la moyenne pondérée, en attendant la réorganisation du bac et la refonte de l’enseignement secondaire, car, je le répète, l’élève de terminale scientifique n’a pas le profil d’un scientifique ; c’est pour cela qu’on doit aussi revoir les coefficients des matières essentielles.
Cinq filières principales seront ouvertes dès septembre prochain, dans le cadre du baccalauréat professionnel. Quel serait l’impact de cette nouveauté, selon vous ?
Absolument. Il s’agit des filières « énergie et environnement, industries manufacturières, électronique et mécanismes, mécanique et électromécanique, et agriculture ». Le bac professionnel fait partie des revendications du SATEF. Son introduction dans le système secondaire va réduire la surcharge des classes, et aussi la déperdition scolaire. Entre le BEM et le BAC, nous avons une déperdition de plus de 650 000 élèves. Ce qui est énorme. Et le lancement d’un bac professionnel va permettre de récupérer un nombre important d’apprenants.
M. Ka