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Goïta officialise un mandat illimité

Depuis jeudi dernier, le Mali a officiellement basculé dans l’autocratie. Le président de la transition, Assimi Goïta, arrivé au pouvoir par un double coup d’État en 2020 et 2021, s’est accordé un mandat de cinq ans renouvelable indéfiniment, sans passer par les urnes. Cette décision, entérinée par une nouvelle Charte de la Transition, fait de lui un président à vie de facto, sans avoir jamais été élu.

Ce glissement autoritaire s’inscrit dans une stratégie de verrouillage progressif du pouvoir. Goïta, déjà promu général, avait auparavant dissous tous les partis politiques et neutralisé les voix critiques, y compris ses anciens, et les organisations de la société civile.

Le processus ayant conduit à l’adoption de la Charte s’est déroulé à travers un dialogue strictement contrôlé, rassemblant des participants triés sur le volet. Ce texte institutionnalise la mainmise de l’Exécutif sur l’ensemble des leviers de pouvoir, tout en repoussant toute perspective de retour à un ordre civil avant plusieurs années.

Les promesses initiales de transition démocratique d’ici 2024 sont ainsi réduites à néant, bien que la Charte mentionne timidement une possible réduction de la durée du mandat si des conditions propices à une élection transparente sont réunies.

Goïta et son gouvernement gardent également la possibilité de se porter candidats à une éventuelle élection présidentielle, consacrant une logique de reconduction perpétuelle du pouvoir.

Sur le plan sécuritaire, la situation reste tendue. Le Mali continue de faire face à des attaques coordonnées de groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

Ces dernières semaines, plusieurs assauts ont été menés dans le centre du pays et aux frontières avec la Mauritanie et le Sénégal, poussant ces pays à renforcer leurs dispositifs sécuritaires.

Face à ces menaces, l’armée malienne, appuyée par Africa Corps, le successeur du groupe paramilitaire russe Wagner, mène des opérations militaires d’envergure, notamment dans les bastions rebelles du nord. Toutefois, ces opérations sont critiquées pour leur brutalité, avec des frappes qui auraient visé des civils, notamment à Menaka, Tombouctou et dans un marché au nord du pays.

Parallèlement, le régime de Bamako consolide son partenariat stratégique avec Moscou. Goïta s’appuie sur une communication intense autour de sa proximité avec la Russie, mettant en avant la réception d’armes et d’équipements militaires.

Cette alliance répond non seulement à des objectifs sécuritaires, mais aussi économiques, la Russie manifestant un intérêt particulier pour les ressources minières du Mali.

À ce titre, Reuters a rapporté le transfert par hélicoptère militaire d’une tonne d’or vers la société Barrick Gold opérant dans la mine de Loulo-Gounkoto, désormais sous administration temporaire.

L’or malien devient ainsi un levier central du pouvoir, servant à la fois à financer la sécurité, les dépenses militaires, et à garantir la survie économique du régime.

Dans un contexte marqué par une répression accrue et une instrumentalisation des ressources nationales, Assimi Goïta s’emploie à bâtir un régime militarisé fondé sur l’allégeance, la force, et l’appui de partenaires extérieurs, éloignant un peu plus le Mali de la démocratie.

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L'express quotidien du 02/10//2025

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