Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau relance la polémique en appelant à « changer de ton avec l’Algérie » et à adopter « le principe de la force ». Une sortie qui a immédiatement fait réagir le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, illustrant une nouvelle fois les divisions au sommet de l’État sur la gestion du dossier algérien.
La scène politique française est une nouvelle fois secouée par un différend entre le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et son collègue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, au sujet de la gestion du dossier algérien.
Ce désaccord, récurrent depuis plusieurs mois, s’est ravivé à la suite des déclarations de Retailleau accordées au journal Le Figaro il y a deux jours.
Dans cet entretien, le président du parti Les Républicains a exprimé son scepticisme quant à la stratégie diplomatique actuelle avec Alger. Il affirme sans détour : « La diplomatie des bons sentiments a échoué ».
Une prise de position qui s’inscrit dans la continuité de son approche dure vis-à-vis de l’Algérie, qu’il défend depuis le début de la crise diplomatique. Retailleau plaide pour une rupture de ton et une inflexion autoritaire, « Il faut changer de ton avec l’Algérie, il faut adopter le principe de la force. Je suis prêt à cela depuis le début de la crise ».
Face à ces propos, Jean-Noël Barrot n’a pas tardé à réagir publiquement. Dans une publication sur la plateforme X (anciennement Twitter), le chef de la diplomatie française a répondu avec fermeté à son collègue de l’Intérieur : « Il n’existe pas de diplomatie fondée sur les bons sentiments, ni de diplomatie fondée sur le ressentiment. Il n’y a que la diplomatie ».
Ce nouvel échange polémique vient raviver une rivalité latente entre les deux ministres. Déjà en début d’année, alors que la crise avec l’Algérie connaissait une phase aiguë, Retailleau s’était illustré par des prises de position remarquées, s’arrogeant de facto un rôle central dans un dossier relevant normalement du ministère des Affaires étrangères.
Jean-Noël Barrot avait alors recadré les choses lors d’une émission télévisée, en rappelant que « la politique étrangère se définit au ministère des Affaires étrangères sous l’autorité du président de la République ».
Selon des sources proches du gouvernement, Retailleau aurait depuis reçu des consignes claires lui enjoignant de se tenir à l’écart du dossier algérien.
Une mise à l’écart que le ministre de l’Intérieur supporterait difficilement, d’autant plus que les derniers sondages révèlent une baisse marquée de sa popularité au sein de l’électorat de droite et d’extrême droite, une frange qui appréciait son ton offensif à l’égard d’Alger.
Dans ce contexte, les récentes déclarations de Retailleau pourraient être interprétées comme une tentative de raviver le débat et de forcer la main à l’exécutif pour durcir sa ligne envers l’Algérie.
En relançant cette polémique, il semble vouloir reprendre la main sur un dossier devenu sensible, à un moment où l’Élysée tente au contraire d’apaiser les tensions bilatérales.
Le climat diplomatique avec Alger demeure fragile. Et les dissensions internes au sein du gouvernement français sur la ligne à adopter ne sont pas de nature à favoriser un apaisement.