Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réaffirmé hier les efforts continus de l’Algérie pour assurer sa sécurité alimentaire, notamment à travers le soutien à l’investissement dans le secteur agricole et la mobilisation des ressources hydriques, tout en s’attachant à faire face aux effets du changement climatique.
Dans une allocution lue en son nom par le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, à l’occasion de la deuxième édition du Sommet de suivi des systèmes alimentaires des Nations Unies (UNFSS+4) à Addis‐ Abeba, le chef de l’État a déclaré que l’Algérie « avait adopté plusieurs stratégies et politiques visant à atteindre la sécurité alimentaire et l’autosuffisance en produits agricoles et animaux, en tenant compte des dimensions climatiques, sanitaires et économiques, afin d’instaurer des systèmes alimentaires résilients, inclusifs, sains et durables ».
Il a précisé que le pays « a élaboré une feuille de route nationale pour une transformation durable des systèmes alimentaires, à tra‐ vers des mesures concrètes alignées avec l’appel du Secrétaire général de l’ONU lancé en 2023, en mettant en place une gouvernance institutionnelle au niveau national pour encadrer cette transformation, avec la participation de plu‐ sieurs ministères concernés ».
Le président Tebboune a ajouté que cette démarche « participative » a mobilisé divers acteurs nationaux, des représentants d’ONG, des associations, notamment professionnelles, ainsi que des chercheurs et des universitaires, en mettant un accent particulier sur la contribution des femmes et des jeunes.
En présentant la politique algérienne en matière de sécurité alimentaire, le président a indiqué que les filières stratégiques, en particulier la culture des céréales, ont été renforcées « par des mesures incitatives, l’augmentation des capacités de stockage et de réfrigération, dans le but de garantir la sécurité alimentaire, de stabiliser les prix et de lutter contre le gaspillage ».
Dans ce cadre, il a souligné la réalisation de 30 silos d’une capacité de 100 000 tonnes chacun, ainsi que 350 centres de stockage de proximité de 5 000 tonnes chacun, en plus du renforcement des capacités de réfrigération à travers la construction de chambres froides de petite et moyenne taille sur tout le territoire national, tout en facilitant l’investissement dans ce domaine.
Le chef de l’État a également évoqué la promotion de l’agriculture saharienne, avec l’affectation de 400 000 hectares de terres agricoles et l’objectif d’at‐ teindre un million d’hectares d’ici 2025, ce qui constitue, selon lui, « une réalisation exceptionnelle face aux défis environnementaux et un effort de revitalisation de milieux hostiles ».
Concernant les effets du changement climatique et du réchauffement global dans la région méditerranéenne, l’Algérie a mis en œuvre une stratégie ambitieuse reposant sur trois axes principaux : le transfert massif des eaux des régions excédentaires vers les zones déficitaires, le renforcement des capacités de stockage à tra‐ vers la construction de barrages et la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles par le dessalement de l’eau de mer, avec l’entrée en service cette année de cinq grandes stations de dessalement d’une capacité globale de 1,5 million de m³ par jour.
Ce programme comprend aussi des projets de traitement des eaux usées et la généralisation des techniques d’irrigation économes en eau, qui couvrent aujourd’hui près de 60 % des terres irriguées en Algérie. Abdelmadjid Tebboune a, en outre, évoqué l’extension du projet du Barrage Vert, avec 300 000 hectares supplémentaires, la réhabilitation de 500 000 hectares, ainsi que le lancement d’un projet forestier de création de puits de carbone naturels couvrant environ 520 000 hectares, incluant la plantation de 423 millions d’arbres, dont 300 millions pour l’afforestation et le reboisement, 12 millions pour la restauration des paysages forestiers, et 3 millions pour le développement de l’agroforesterie.
Toutes ces mesures, a‐t‐ il souligné, ont contribué à améliorer le climat des investissements, notamment via la mise à disposition du foncier agricole en zone saharienne, la distribution gratuite de semences, le soutien à l’irrigation économe, ainsi que la création d’un corridor vert pour faciliter l’accès à la terre, les autorisations de forage de puits et les raccordements électriques dans le sud algérien, sans oublier la possibilité d’exploiter le foncier forestier.
Le président a également mis en avant les facilités d’accès au financement, notamment à travers l’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat et l’Agence nationale de gestion du microcrédit, tout en mention‐ nant le lancement de projets de partenariat importants et structurants avec des entreprises étrangères, notamment d’Italie et du Qatar, dans des filières stratégiques comme les céréales et le lait.
Il a salué l’importance de cette réunion, qu’il qualifie de « tournant » dans le processus d’évaluation périodique lancé depuis le Sommet de 2021 et poursuivi lors du Sommet de Rome en 2023, réaffirmant l’engagement de l’Algérie pour le développement durable du continent africain, notamment à travers la Déclaration de Kamala 2025, qui vise à renforcer les systèmes alimentaires pour la période 2026‐2035.
Il a enfin renouvelé l’engage‐ ment de l’Algérie à œuvrer pour une transformation durable des systèmes alimentaires, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire nationale et mondiale, et a invité les investisseurs à s’implanter en Algérie, où les conditions actuelles sont « favorables et compétitives pour des investissements rentables ».
Le chef de l’État a également indiqué que l’Algérie a achevé sa portion de la route transsaharienne reliant Alger à Lagos (Nigeria) et a ouvert des lignes maritimes avec la Mauritanie et le Sénégal, ce qui contribue‐ ra incontestablement à renforcer les chaînes d’approvisionnement nécessaires à des systèmes alimentaires durables.
Pour conclure, il a cité la coopération exemplaire observée cette année entre les pays touchés par le fléau du criquet pèlerin en Afrique du Nord, à travers le soutien logistique et en pesticides apporté par l’Algérie à ses voisins, ainsi que la facilitation du travail des équipes de lutte contre le criquet dans la région ouest.