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Relations algéro-espagnoles: Détente diplomatique et relance économique

La période de crise politique entre l’Algérie et l’Espagne semble derrière nous. Après la crise diplomatique de 2022, lorsque les Espagnols, sinon le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, avaient détérioré des relations apaisées entre Alger et Madrid en soutenant le pseudo-plan d’autonomie au Sahara occidental proposé par le Makhzen marocain, les relations entre les deux pays méditerranéens semblent de nouveau se calmer et retourner à la case précédente, les deux pays étant de nouveau sur la même longueur d’onde politique sur les conflits régionaux, en particulier la question de l’autodétermination au Sahara occidental, d’ailleurs âprement défendue par les milieux progressistes espagnols. Alger a, entretemps, gagné sa bataille diplomatique contre Madrid.

C’est au mois de juillet dernier que les relations entre les deux pays sont redevenues plus apaisées à l’occasion de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue à Séville, en Andalousie. C’est ainsi que le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avait manifesté la volonté de son pays de renforcer ses relations avec l’Algérie.

La déclaration du responsable espagnol a été faite à l’issue de sa première rencontre, depuis 2022, avec son homologue algérien, Nadir Larbaoui, en marge des travaux de la 4ᵉ Conférence internationale sur le financement du développement.

Pedro Sanchez a souligné « sa volonté d’œuvrer de concert au renforcement des relations bilatérales dans divers domaines, en particulier dans la conjoncture internationale actuelle », selon un communiqué du Premier ministère.

Selon la même source, Sanchez « a chargé son homologue algérien de transmettre ses salutations au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le remerciant d’avoir honoré l’invitation à participer à cette conférence à un haut niveau ». En outre, le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, avait été reçu, rappelle-t-on, par le roi d’Espagne Felipe VI.

Les rencontres de haut niveau entre l’Algérie et l’Espagne n’ont pas eu lieu depuis deux ans, soit depuis le début de la crise diplomatique entre les deux pays en juin 2022.

Cette crise diplomatique entre Alger et Madrid, née en 2022 du fait de la position espagnole sur le Sahara occidental contraire aux résolutions de l’ONU, a duré jusqu’au mois de novembre 2023. À Alger, on a cependant relevé que le gouvernement espagnol « a reconsidéré sa position concernant le Sahara occidental », avec la nomination d’un nouvel ambassadeur à Madrid.

Et, en janvier 2024, la suspension des opérations commerciales a été levée pour les importations d’intrants agricoles espagnols, puis pour la viande rouge importée à partir de ce pays.

Le déblocage total des relations commerciales entre les deux pays est intervenu en novembre 2024, car, dans une note datant du 6 novembre 2024, la Banque d’Algérie a demandé aux banques et établissements financiers de traiter toutes les opérations commerciales de et vers l’Espagne. Un bol d’air pour les relations commerciales entre les deux pays, mais surtout pour les opérateurs espagnols.

À partir de janvier et jusqu’à fin mai dernier, les exportations espagnoles vers l’Algérie ont ainsi bondi de 162 % par rapport à la même période en 2024, selon les chiffres officiels du commerce extérieur espagnol.

Avec 900 millions d’euros de chiffre d’affaires sur ces cinq mois, les échanges se rapprochent des niveaux d’avant la crise diplomatique de 2022, née des mesures de rétorsion prises par Alger après le virage du gouvernement de Pedro Sánchez sur la question du Sahara occidental, note par ailleurs le journal espagnol El Independiente, qui illustre ce regain par le cas de l’industrie de la céramique, particulièrement pénalisée par la crise.

Entre janvier et février 2025, les exportations espagnoles de céramiques ont atteint 17,8 millions d’euros, contre 19 millions pour l’Italie et 9,5 millions pour la Turquie. « L’Espagne tente de récupérer sa position en Algérie après le virage sur le Sahara, tandis que l’Italie consolide son avantage », notait de son côté le 2 août 2025 El Español.

Pour étayer son propos, le quotidien cite Alfonso Tapia, PDG du cabinet de conseil Omnicrea : “Dans tous les ports — Barcelone, Valence, Algésiras, Carthagène — et dans presque toutes les communautés autonomes, on est passé de zéro, c’est-à-dire de rien, à beaucoup.

Les transactions augmentent dans tous les domaines, en particulier les produits semi-finis, l’industrie, les produits chimiques, les émaux, les matières premières et les machines.” ‘’L’Espagne rétablit ses échanges commerciaux avec l’Algérie en un temps record », titrait récemment ‘’El Independiente’’.

Le regain de vitalité commerciale entre Alger et Madrid est par ailleurs comparé aux relations politiques et commerciales excellentes entre Rome et Alger par la presse espagnole, qui souligne que le plan Mattei, lancé par Rome, prévoit 5,5 milliards d’euros d’investissements en Afrique dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de la formation et de la santé, avec une stratégie assumée de “gagnant-gagnant” pour se distinguer de l’héritage colonial français.

Si l’offensive de Giorgia Meloni en Algérie suscite en France des réactions parfois acrimonieuses — certains médias parlant de “quasi-trahison” envers Paris —, la presse espagnole l’observe avec prudence, mais sans hostilité. La progression des relations entre Alger et Rome est généralement perçue comme ne se faisant pas “contre” l’Espagne.

Le retour aux bonnes relations entre Alger et Madrid a été en fait acté au mois de juillet dernier avec la présence au plus haut niveau politique de représentants de l’Algérie à la conférence internationale sur le financement du développement de Séville.

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L'express quotidien du 12/08//2025

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