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Génocide sous nos yeux

Il ne s’agit plus seulement de constats humanitaires, mais de la mise en mots d’un crime que le droit international considère comme le plus grave de tous. Mardi, la commission d’enquête internationale indépendante, présidée par l’ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme Navi Pillay, a affirmé à l’AFP qu’« un génocide se produi(sai)t à Ghaza et continu(ait) de se produire ».

Sans parler au nom de l’ONU, cette instance a néanmoins conclu que l’entité sioniste avait commis « quatre des cinq actes génocidaires » définis par la Convention de 1948 : meurtres de masse, atteintes graves à l’intégrité physique et mentale, soumission à des conditions de vie destructrices, entrave aux naissances. Pillay a rappelé que « la responsabilité incombe à l’entité sioniste », pointant directement Benjamin Netanyahou, Isaac Herzog et Yoav Gallant pour incitation et absence de mesures préventives.

Ce constat, l’entité le rejette, qualifiant le rapport de « biaisé et mensonger ». Mais il s’ajoute à une accumulation de preuves transmises à la Cour pénale internationale, au moment même où Ghaza subit ses bombardements les plus soutenus depuis des mois. Les autorités sanitaires palestiniennes annoncent 64 964 morts et plus de 165 000 blessés depuis octobre 2023, un bilan qui dit l’ampleur d’une tragédie sans précédent.

Dans ce fracas, la voix du pape Léon XIV a résonné mercredi depuis Rome. « Le peuple palestinien continue de survivre dans des conditions inacceptables, contraint une fois de plus par la force de quitter ses terres », a-t-il dénoncé, exprimant sa « profonde solidarité » avec les habitants de Ghaza et rappelant que « chaque personne a toujours une dignité inviolable, qui doit être respectée et protégée ». Le souverain pontife a renouvelé son appel à un cessez-le-feu et au respect du droit humanitaire, alors que les quartiers nord et ouest de Ghaza-ville subissaient de nouveaux raids massifs.

Dans ce contexte, plus de 20 agences humanitaires ont adressé une lettre urgente aux Nations unies et aux chefs d’État, alertant sur « la situation la plus meurtrière de l’histoire de l’enclave palestinienne ». Elles préviennent que le blocus et les attaques en cours pourraient « anéantir complètement la vie » à Ghaza et dénoncent la militarisation de l’aide, qui transforme chaque tentative d’accéder à l’eau ou à la nourriture en risque mortel.

À la mer, une flottille internationale partie de Tunisie, d’Italie et d’Espagne (avec à son bord Greta Thunberg, Adèle Haenel ou l’eurodéputée Rima Hassan) tente de briser le blocus, malgré les menaces et les attaques déjà subies. « Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre les choses en main », a déclaré la militante suédoise.

Le cri des survivants, la parole du pape, les rapports d’experts, les actes de solidarité civile, tout converge. Reste la question essentielle : combien de preuves faudra-t-il encore avant que la communauté internationale n’assume sa responsabilité ? Car face à ce que Navi Pillay nomme une « campagne génocidaire », se taire revient déjà à prendre parti.

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L'express quotidien du 04/11//2025

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