Dans un contexte géopolitique international trouble, l’Algérie a décidé de maintenir le cap dans sa politique de développement et de diversification de ses ressources naturelles, dont celles des hydrocarbures, un secteur stratégique.
Le pays, riche en minerais et en gisements d’hydrocarbures, développé dans son agriculture, bien servi par un important maillage routier et de transports notamment pour la production et la commercialisation des produits industriels et agricoles, ne compte cependant pas faire le raccourci de développer son potentiel énergétique.
Cela a été dit à plusieurs reprises, autant par les plus hauts responsables du pays que ceux du groupe Sonatrach. Et, au milieu des années 2010, le vent soufflant sur l’abandon, pour des raisons écologiques étroites, de certains milieux proches des franchises pétrolières françaises, avait tenté de mettre KO-debout l’effort national de développement, de production et de distribution des énergies fossiles, dont les gisements de schiste.
Il était alors de bon ton de dire que le gaz de schiste (shale gas) ou le pétrole de schiste (shale oil) étaient potentiellement dangereux pour la nappe phréatique, ennemis de l’environnement. Oui, mais ces thèses, pour le cas de l’Algérie, ne tenaient pas la route. Car premièrement, le potentiel national de production de gaz est presque à moitié consommé localement, laissant peu pour l’exportation, et secundo, il est possible de produire des shale oil ou des shale gas sans pour autant attenter à la sécurité des nappes albiennes ou l’environnement dans les zones de production.
Car l’Algérie a des plans de développement multisectoriels extrêmement importants, et doit en même temps diversifier ses partenaires dans le secteur énergétique pour se payer le luxe de donner un frein à une relance fantastique du secteur des hydrocarbures, avec la signature d’importants projets de partenariats avec des majors du secteur au cours de ces trois dernières années.
C’est pour cela que l’Algérie a décidé de se lancer dans un plan de modernisation de ses infrastructures d’hydrocarbures, d’augmentation de ses productions pétrolières, gazières et dérivées, et de mettre en application un grand volume d’investissements pour le prochain quinquennat.
C’est ce qu’a en fait confirmé le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures, Mohamed Arkab, dans son discours à l’ouverture du Napec d’Oran lundi. Il a ainsi annoncé un plan d’investissement de 60 milliards de dollars sur les cinq prochaines années, destiné à moderniser les infrastructures énergétiques nationales, renforcer la production et accélérer la transition vers les énergies nouvelles et renouvelables.
Et là, le ministre a tenu à clarifier les choses en ce qui concerne le volet environnement, expliquant que si l’Algérie multiplie les projets allant vers la mise en place d’une dynamique politique de transition énergétique, il n’en demeure pas moins que cela ‘’ne signifie pas l’abandon des ressources fossiles, en particulier le gaz naturel’’, qu’il a qualifié de ‘’carburant de transition essentiel’’.
Clair et net : l’Algérie va densifier ses investissements dans le secteur pétrolier et gazier, en amont et en aval, et surtout pour moderniser ses infrastructures de production, avec accélération dans la production offshore. La donne est en fait celle-ci : la demande mondiale en pétrole et en gaz devrait se maintenir jusqu’en 2050, et ces ressources continueront à jouer un rôle clé dans la sécurité énergétique mondiale.
Et donc si beaucoup de pays du Nord misent sur les énergies alternatives, comme le nucléaire, d’ailleurs l’Allemagne et la France ont mis en service de nouvelles centrales pour conforter leur boycott du pétrole-gaz russe, l’Algérie, pays souverain, est maître de ses décisions dans le domaine stratégique de la production, la distribution et la commercialisation de ses produits énergétiques.
‘’Cette approche s’appuie sur une politique gouvernementale visionnaire et de grands efforts de modernisation, notamment dans le développement des infrastructures pétrolières et gazières et la mise à jour du cadre juridique pour rendre le secteur plus attractif aux investissements étrangers, en particulier dans l’exploration offshore’’, a dit M. Arkab pour conforter la politique nationale en matière d’hydrocarbures.
Ce sera donc un plan d’investissement massif de plus de 60 milliards de dollars pour la période 2025-2029, dont 80 % seront consacrés à l’amont pétrolier et gazier. Le reste sera orienté vers le développement de projets industriels structurants, notamment dans le raffinage et la pétrochimie, dans le but de renforcer la valeur ajoutée nationale et de réduire les importations.