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Des syndicats marocains appellent au boycott de navires liés à l’armée sioniste

Alors que la guerre menée par l’entité sioniste contre Ghaza continue d’indigner une large partie de l’opinion publique mondiale, le Maroc se trouve confronté à une mobilisation syndicale inédite contre la normalisation de ses échanges commerciaux avec Tel-Aviv.

Trois grandes centrales syndicales marocaines ont lancé, vendredi 19 avril, un appel clair : refuser toute forme d’assistance logistique aux navires transportant des composants d’avions militaires destinés à l’armée d’occupation israélienne.

Le premier signal d’alerte est venu de l’Union syndicale des travailleurs portuaires, affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT), qui a demandé à ses adhérents de boycotter le navire Maersk Nexoe, attendu ce vendredi dans le port de Casablanca, avant une escale stratégique à Tanger Med.

Dans un communiqué publié la veille, le syndicat affirme rejeter «  toute implication des travailleurs marocains dans les opérations logistiques liées à l’assistance à ce navire ou à d’autres impliqués dans le transport de matériel à caractère criminel  ».

L’organisation dénonce une «  complicité dans la fourniture à l’entité sioniste d’équipements militaires mortels  » et accuse les autorités d’alimenter indirectement «  la guerre génocidaire menée contre le peuple palestinien  ».

L’Union nationale du travail au Maroc (UNTM) et la Confédération démocratique du travail (CDT) ont rapidement emboîté le pas. Ces deux syndicats de poids ont appelé leurs bases respectives à ne participer à aucune opération de manutention liée au Maersk Nexoe ou à tout autre bâtiment transportant du matériel militaire à destination d’Israël.

L’initiative s’inscrit dans une dynamique de solidarité transnationale. En France, à Fos-sur-Mer, les dockers sont parvenus en début de semaine à retarder le transit du même navire, en protestation contre sa cargaison sensible.

Dans le même temps, la Confédération démocratique du Travail a appelé à renforcer la mobilisation populaire à travers le pays, en particulier lors des rassemblements prévus les 18 et 20 avril à Casablanca et à Tanger. Ces journées d’action sont organisées par le Front marocain de soutien à la Palestine et de lutte contre la normalisation, qui réclame la fermeture immédiate des ports du royaume aux «  navires du génocide ».

Le mouvement de contestation prend de l’ampleur dans un contexte déjà marqué par la massive marche nationale organisée le dimanche 14 avril à Rabat, rassemblant plusieurs dizaines de milliers de manifestants. Cette démonstration de force a cristallisé l’opposition croissante à la coopération militaire, économique et sécuritaire entre le régime marocain et Israël.

Depuis le 6 avril, l’antenne marocaine de la campagne internationale BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) suit de près le transit de matériel militaire en direction de l’entité sioniste. Selon ses informations, des pièces destinées à l’industrie de l’armement israélienne ont quitté Houston, au Texas (États-Unis), le 5 avril à bord du Maersk Detroit.

Ces composants doivent être transférés au Maersk Nexoe le 20 avril au port de Tanger Med, une opération qui, si elle se confirme, ancrerait l’infrastructure portuaire marocaine dans un dispositif logistique au service de l’armée d’occupation israélienne.

BDS Maroc dénonce la «  complicité manifeste des autorités marocaines dans la chaîne d’approvisionnement d’une armée impliquée dans des crimes de guerre  » et exhorte les dockers de Tanger à empêcher l’accostage des navires concernés.

L’organisation rappelle que la majorité du peuple marocain rejette toute forme de normalisation avec Israël et exige que la volonté populaire soit respectée dans les faits, et non seulement dans les discours.

À travers ce front syndical et populaire, le Maroc se trouve face à une fracture politique profonde. D’un côté, les accords bilatéraux entre Rabat et Tel-Aviv se renforcent depuis les Accords d’Abraham  ; de l’autre, la société civile, appuyée par ses forces syndicales, érige un rempart de solidarité avec la Palestine.

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L'express quotidien du 02/10//2025

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