À Alger, la saison des soldes n’a pas encore envahi la rue Hassiba Benbouali. Plusieurs boutiques de prêt-à-porter préfèrent retarder l’affichage des réductions, misant sur la rentrée scolaire pour attirer la clientèle. Entre démarches administratives, choix tactiques et promotions discrètes, commerçants et clients naviguent dans une ambiance estivale où la mer concurrence les vitrines.
À Alger, une grande partie des boutiques de prêt-à-porter longeant la rue Hassiba Benbouali n’ont pas encore accroché des affiches de solde sur leurs vitrines. Ce qui justifie l’ambiance plutôt morose qui y règne.
Les employés approchés au niveau de ces magasins nous ont livré leurs explications. Certains temporisent jusqu’à l’approche de la rentrée scolaire pour se lancer dans cette opération, tandis que d’autres le font en catimini pour échapper aux contrôleurs de la direction du Commerce.
En effet, le décret exécutif nᵒ 06-215 du 18 juin 2006 fixant les conditions et les modalités de réalisation des ventes en soldes, des ventes promotionnelles, impose aux commerçants désirant obtenir l’autorisation de vendre en soldes de déposer au préalable un dossier comprenant entre autres « la liste et les quantités des biens devant faire l’objet des ventes en soldes ». Les ventes en soldes, nous explique un employé d’un magasin, ne peuvent porter que sur des biens acquis « depuis 3 mois au minimum », à compter de la date de début de la période des ventes en soldes.
« On aura droit à un contrôle inopiné si on indique sur la devanture du magasin qu’on fait des soldes alors qu’on n’a pas déposé de dossier au niveau de la direction du Commerce pour obtenir une autorisation qui nous permettra d’effectuer des ventes en soldes », nous dit ce jeune employé qui rappelle que l’autorisation pour ce genre d’opération est payante.
Dans un autre magasin où la clientèle est parsemée, on trouve une affiche dissimulée à l’intérieur indiquant la vente en solde maisque sur un seul article. « Comme plusieurs magasins, nous avons attaché sur la devanture du magasin les prix auxquels sont cédés certains articles comme se fait d’ailleurs le long de l’année ». Ces affiches, poursuit l’employé, attirent des foules sans qu’on fasse des promotions ou soldes sur nos articles.
Pour développer ses ventes, un autre magasin opte pour une autre stratégie commerciale. Le détenteur d’un magasin de prêt-à-porter préfère pour sa part attendre la rentrée sociale pour écouler ses invendus. « En été, les gens préfèrent aller à la mer, et non pas faire le tour des magasins pour dénicher des vêtements à prix réduits, notamment sous ces chaleurs de plomb », dit-il. Ce dernier préfère ainsi temporiser jusqu’à septembre pour annoncer les soldes dans son magasin.
Les élèves rejoindront les bancs des écoles le 10 septembre. « Habituellement, les deux semaines qui précèdent la rentrée scolaire sont marquées par un flot important de clients. En ces périodes, la fièvre acheteuse monte d’un cran chez les parents et un véritable rush est observé sur les magasins et grandes surfaces spécialisées dans l’habillement, et les fournitures scolaires ».
Toutefois, certains clients n’y voient pas une opportunité dans les ventes en soldes, notamment le rapport prix-qualité. « La qualité des articles exposés ne fait pas tenter. Parfois, il m’arrive de faire plusieurs magasins sans rien acquérir », nous dit une cinquantenaire, mère de deux enfants. Pour elle, même quand ils sont cédés à des prix réduits, les articles vestimentaires pour enfants dans les magasins de la capitale demeurent « relativement chers ». Comme plusieurs familles, elle se rabat sur les marchés informels, à l’image de celui de la place des Martyrs. « À chaque occasion, je vais au marché de la place des Martyrs, pour acheter des vêtements pour mes enfants. » Elle ajoute : « C’est dans ce marché que je pourrai habiller mes enfants », bien qu’elle éprouve parfois des difficultés à convaincre ses enfants de porter les vêtements qu’elle leur a choisis, avoue-t-elle.
