Dans un entretien au média « Sahara Occidental Radio Révolution », l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump et ex-ambassadeur américain à l’ONU, John Bolton, a dénoncé le refus persistant du Maroc d’organiser le référendum d’autodétermination prévu par l’ONU depuis 1991.
Il critique également la politique expansionniste du Makhzen, le soutien français à Rabat et la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le territoire, qu’il juge avoir aggravé le conflit.
Lors d’un entretien accordé ce mardi 12 août au média « Sahara Occidental Radio Révolution », l’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche durant le premier mandat de Donald Trump et ancien ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies, John Bolton, est revenu sur les raisons de l’échec du plan Baker II de 2003, visant à régler la question de la décolonisation du Sahara occidental. Ce plan proposait une autonomie limitée, suivie d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.
Pour le diplomate américain, l’échec du plan Baker II est lié au refus du gouvernement marocain de garantir une autonomie limitée suivie d’un référendum.
Bolton a déclaré : « Le référendum que nous cherchons à organiser depuis 1991, pour lequel James Baker a proposé plusieurs approches… Les résolutions du Conseil de sécurité étaient claires et transparentes, avec l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui, lui permettant soit de rejoindre le Maroc, soit d’accéder à l’indépendance — ce que le Maroc a refusé ».
Il a ajouté : « En 1997, Baker a essayé une approche différente. Malgré l’accord du Maroc et du Front Polisario, rien ne s’est passé. Le même scénario s’est répété en 2003. Même si à ce moment-là je ne travaillais pas avec Baker mais au Département d’État… Malgré l’annonce, à certaines occasions, de sa volonté d’étudier d’autres alternatives, le Maroc a poursuivi sa politique coloniale du fait accompli ».
Bolton a expliqué : « Lorsque nous avons créé la MINURSO, on pensait que l’ONU avait peut-être retrouvé sa crédibilité et sa capacité à réaliser ce que ses fondateurs espéraient en 1945. Après l’expulsion de l’armée de Saddam Hussein du Koweït, l’optimisme régnait quant à la possibilité d’instaurer la paix au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. On croyait possible d’organiser le référendum, d’autant plus que la population était réduite et qu’un consensus existait. Mais le Maroc a réussi à bloquer le processus pendant plus de 30 ans.
Il a ajouté qu’il fallait mettre fin à la MINURSO si le référendum d’autodétermination n’était pas organisé.
Pour le diplomate américain, la question de la décolonisation du Sahara occidental est liée à la stabilité de la région du Sahel. Il a dénoncé la politique expansionniste du régime du Makhzen et ses revendications territoriales visant des terres en Algérie et en Mauritanie, illustrées, selon lui, par certaines cartes marocaines.
L’ancien conseiller à la sécurité nationale estime que les Européens devraient accorder davantage d’attention à la question du Sahara occidental, compte tenu de sa proximité géographique avec le Vieux Continent. Il a évoqué les tensions entre la France et l’Espagne, ancienne puissance coloniale administrant le territoire sahraoui, un différend qui, selon lui, pourrait paralyser l’Union européenne.
Selon Bolton, bien que les Africains rejettent l’influence française, la France, à travers son allié marocain, lutte pour maintenir sa position dans cette partie du monde.
Il a insisté : « Perdre le Maroc signifie perdre l’influence française en Afrique ».
Et de poursuivre : « Aucun pays qui prétend être démocratique ne devrait s’opposer au droit des Sahraouis de voter ».
Bolton a salué le travail du Front Polisario, qu’il juge « excellent » pour avoir maintenu les gouvernements occidentaux et l’Union africaine informés de la politique coloniale du Maroc et de son refus d’appliquer les résolutions de l’ONU et de se soumettre au droit international.
Il a souligné que le Maroc avait échoué à ternir l’image et la réputation du Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraoui, et que toutes ses tentatives pour miner sa crédibilité avaient échoué face à un examen international strict par des observateurs de l’ONU.
Bolton a affirmé que le Front Polisario avait toujours participé aux négociations de bonne foi, afin de mettre fin à un conflit qui dure depuis un demi-siècle, et qu’il est inacceptable de maintenir le statu quo.
En conclusion, Bolton a estimé que la reconnaissance par Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, à la fin de son premier mandat, avait complexifié le rôle des États-Unis dans la résolution du conflit. Il a qualifié de grave erreur le fait de lier les Accords d’Abraham à la colonisation du Sahara occidental.
Et de conclure : « Donald Trump et Jared Kushner n’ont pas compris la question. D’où la nécessité d’attendre l’arrivée d’un nouveau président américain différent ».