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Gilberto Antonio, conseiller principal à la ZLECAF: « L’Algérie, fer de lance de l’intégration africaine »

Les dirigeants africains souhaitent accélérer dans les meilleurs délais l’intégration commerciale et économique en Afrique, notamment, dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).

Cependant, le manque d’infrastructures reste un obstacle majeur. L’Afrique est dans l’obligation de se doter d’infrastructures pour améliorer la connectivité entre les États qui la forment. Sauf que les projets d’infrastructures sont, en particulier, confrontés à des problèmes de financements.

Des « progrès considérables » ont été réalisés en termes d’intégration politique, dit dans une déclaration à l’Express Gilberto Antonio, conseiller principal du SG du secrétariat de la ZLECAF. Sur cet aspect, l’Algérie a été un « fer de lance » pour un nombre important de pays africains.  Il estime que les dirigeants politiques privilégient davantage l’intégration politique, qui va inéluctablement nous amener à l’intégration économique et régionale du continent, prévoit M. Antonio.

 Malheureusement, l’Afrique manque d’infrastructures. Cette contrainte est perçue par notre interlocuteur comme « une opportunité d’investissement ». Pour lui, le manque d’investissement pourrait inéluctablement être une aubaine pour les investisseurs qui souhaitent étendre leurs activités et relancer pour certains d’autres des projets à l’arrêt pour diverses raisons, renchérit M. Antonio.

Dans ce sens, il fait savoir qu’une conférence internationale dédiée au financement des projets d’infrastructures sera organisée en octobre prochain en Angola. Des gouvernements ainsi que le secteur privé et les institutions financières vont y prendre part.

 Il explique en effet que le financement des projets d’infrastructure en Afrique est un défi majeur qui entrave le développement économique et l’intégration régionale. Ces projets, qu’il s’agisse de routes, de ports, de voies ferrées, nécessitent des investissements colossaux. Souvent les risques politiques accroissent ces craintes.

Les banques africaines projettent-elles de financer des projets d’infrastructures ?

 « Une question à double tranchant », estime M. Borris, le responsable digital et en charge de projets événementiels et sponsoring à AFG Bank. Une institution financière ivoirienne implantée dans 13 pays africains.

« Pour une banque, il est hautement important d’avoir des projets hyperstructurés pour pouvoir les financer », explique-t-il. En tant que banque ivoirienne et panafricaine, « nous accompagnons des projets très structurés et innovateurs ».

Dans le cas où les pays africains et les entreprises arrivent à avoir un même système et une même vision. « Un écosystème sain est fortement recommandé par les banques pour pouvoir accompagner les projets d’investissements. »

Les banques également, poursuit notre interlocuteur, sont confrontées à un défi majeur qui est « le manque de culture bancaire ». « Nous essayons d’inscrire cette culture bancaire et de la vulgariser », soulignant par ailleurs l’importance de la communication institutionnelle pour le maintien d’une relation de confiance et de crédibilité entre une institution bancaire et ses clients.

En Afrique, ajoute M. AFG Bank, à chaque approche électorale, la psychose s’installe. Pour lui, les banques hésitent à prêter par crainte de ne pas pouvoir recouvrer leurs fonds. Les risques politiques sont également un « facteur majeur » qui freine les investissements,

L’Afrique a beaucoup de projets d’infrastructures, et la dynamisation des corridors est à l’ordre du jour, notamment parce qu’il y a des différences entre les communautés économiques africaines par rapport à l’intégration économique. « La ZLECAF intervient justement pour accélérer les régions où le niveau d’intégration économique est à désirer », dit M. Antonio.

IL affirme par ailleurs que l’IATF est un évènement « très important », pas uniquement pour les gouvernements mais aussi pour le secteur privé qui y prend part pour élargir leurs réseaux et nouer des partenaires. Dans ce sens, Sam Thera, le chef de projet à la direction de commerce de la CEDEAO explique que la CEDEAO a pour objectif de « promouvoir le commerce régional au sein de l’Afrique ».

Idem pour Djebril N’Diaye, chargé de projet à la direction du développement du secteur privé au Sénégal. Il précise que « la délégation de son pays participe à l’IATF pour accompagner le secteur public et aller à la rencontre de différents secteurs privés pour créer des partenariats, mais aussi montrer où le Sénégal pourrait intervenir pour le développement du secteur privé ».

En dépit des contraintes, le conseiller principal du SG du secrétariat de la ZLECA se dit « optimiste ». « Certes que beaucoup restent à faire, mais des avancées ont été réalisées », rappelant que l’Afrique est le deuxième continent au niveau de la croissance économique juste derrière l’Asie.

 « Ôter les fragmentations pour une meilleure intégration économique. »

 La fragmentation de l’Afrique est un problème profond qui a des conséquences persistantes sur son économie. Il s’agit entre autres des frontières, des 42 monnaies africaines et du manque d’infrastructures.

Pour Benedict Oramah, président de la Banque africaine d’export-import (Afreximbank), « L’Afrique doit sortir des fragmentations qui entravent le développement de son économie ». La ZLECAF, a-t-il ajouté, est là « pour ôter ces barrières ». 

 Effectivement, c’est ce que confirme son secrétaire général M. Wamkele Mene. Pour lui, la ZLECAF ne doit pas uniquement être considérée comme un accord commercial, « mais un instrument vivant qui crée des opportunités pour l’intégration économique du continent ».

Ce dernier a insisté sur la nécessité d’accélérer l’activation de la ZLECAf afin de construire un « marché continental unique » représentant un espace d’investissement et de commerce pour les pays membres. « L’Afrique a intérêt à créer un marché unique intégré et à lever toutes les barrières et fragmentations qui freinent son développement ».

Il a plaidé en faveur de la construction d’un marché unique, souhaitant voir les conclusions de cette rencontre se concrétiser sur le terrain. à savoir la facilitation du commerce dans le cadre de la ZLECAf et la création de chaînes de valeur régionales, afin d’élargir la base des exportations africaines.

M. Oramah a de son côté souligné la nécessité de réduire les disparités de développement entre les pays africains, qualifiant l’Algérie de « hub économique continental, à la fois carrefour africain et pont vers l’Europe ». Les opportunités d’investissement sont particulièrement prometteuses dans les domaines de l’énergie et d’autres secteurs stratégiques, a-t-il déclaré.

Il a dans ce sens appelé à capitaliser les initiatives algériennes pour renforcer la coopération Afrique-Afrique. « Saisissons ces opportunités et donnons un nouveau souffle aux partenariats africains en partageant l’expérience algérienne », a-t-il déclaré.

Rappelant le rôle de son organisation, M. Oramah a révélé qu’Afreximbank a financé des projets d’une valeur de 13 milliards de dollars au Nigeria et prévoit d’allouer au moins 2 milliards de dollars supplémentaires pour soutenir les priorités des États membres. Il a également souligné l’importance de la technologie numérique en tant que moteur de la compétitivité et de la transformation économique.

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L'express quotidien du 22/09//2025

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