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Alger

Ahmed Attaf remet les pendules à l’heure

Beaucoup de tintamarre pour rien du côté du Makhzen où le vote vendredi dernier pour la reconduction d’une année du mandat de la mission des Nations-Unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso) a donné lieu à des manifestations dans les grandes villes du royaume. C’est, à n’en pas douter, la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un peuple spolié de ses droits et de sa dignité humaine sort manifester pour soutenir les visées coloniales de son bourreau.

 C’est l’image parfaite de ce Maroc qui veut voler un territoire, avec l’aide de ses sponsors occidentaux et de leur vassal l’entité sioniste, que renvoient ces manifestations après la reconduction pour une année de la Minurso par le Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, un territoire toujours autonome, selon l’ONU.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, est intervenu au lendemain de ce vote conçu et dirigé par les États-Unis, le porte-plume en fait d’un texte infâme, a affirmé que le Maroc, lors de la séance du Conseil de sécurité de l’ONU (tenue vendredi dernier sur la question du Sahara occidental), a voulu imposer le projet dit de « l’autonomie » comme cadre exclusif et unique de recherche d’une solution à la question sahraouie.

Mais, explique le ministre, le Makhzen n’y est pas ‘’parvenu,’’ puisque « la résolution finale évoque l’autonomie, mais en mentionnant également d’autres alternatives, notamment celle proposée par les Sahraouis. » Il a détaillé, dans un entretien à la chaîne AL24 NEWS, que le Maroc a voulu, cette fois-ci, lors de la séance de vendredi dernier, saisir cette occasion pour ‘’tenter un passage en force concernant la question du Sahara occidental, afin de faire avancer ses visées historiques connues’’, qui consistent selon lui, en premier lieu, à éliminer la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) : soit en la démantelant ou en la dissolvant, soit en opérant un changement radical de son mandat ».

En deuxième lieu, a-t-il ajouté, il s’agit d’imposer le projet dit de ‘’l’autonomie’’ comme cadre exclusif et unique pour la recherche d’une solution à la question sahraouie ». En troisième lieu, poursuit M. Attaf, le Maroc vise à supprimer définitivement le principe du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Or, tout le problème de ce conflit armé à un certain moment, réside dans la non-organisation, plutôt l’empêchement par Rabat de la tenue d’un processus référendaire pour la définition du statut définitif de ce territoire dont l’issue aurait été fatale pour ses visées expansionnistes.

M. Attaf poursuit par ailleurs en soulignant qu’à l’examen du projet initial, ‘’les visées marocaines se dégageaient avec évidence, ce qui a suscité une réaction défavorable contre le projet de résolution de la part de nombreuses délégations, pas seulement celle de l’Algérie’’.

D’ailleurs, huit pays ont présenté des amendements contre le projet de résolution, qu’ils jugeaient inéquitable, injuste et totalement partial, favorisant une seule thèse au détriment de l’autre partie », a-t-il expliqué. « Le Maroc n’a pas réussi à imposer le projet d' »autonomie » comme solution exclusive à la question sahraouie.

La résolution finale évoque +l’autonomie+, mais elle mentionne aussi d’autres alternatives, notamment celle avancée par les Sahraouis’’. Dès lors, le ministre algérien explique que ‘’le jeu politique et diplomatique reste donc ouvert : d’un côté, il y a la proposition d' »autonomie », et de l’autre, des solutions alternatives présentées par la partie sahraouie, qui demeurent sur la table ».

S’agissant de la situation après l’adoption de la résolution, le ministre d’État a précisé que la Mission onusienne (MINURSO) n’a pas été dissoute ni démantelée, et qu’il n’y a pas eu de révision de son mandat. Bien au contraire, a-t-il ajouté, « le projet initial prévoyait une prolongation de trois mois supplémentaires pour la mission, mais le délai a finalement été porté à une année, ce qui constitue un renouvellement normal, comme cela a toujours été le cas ».

En fait, les fondamentaux de la question sahraouie sont préservés dans la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il estimé, relevant en outre que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui « a été découplé par rapport au plan d’autonomie et il doit s’exercer conformément à la légalité internationale et à la charte des Nations unies ». ‘’Le principe que le Maroc a tenté désespérément d’inscrire, celui de sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental, a été enlevé et expurgé des deux références qui ont été faites à ce principe dans le dispositif du projet de résolution.

Cette référence est restée dans le préambule avec moins de force juridique. » Donc, a-t-il soutenu, « sur le plan du dispositif de la résolution, il n’y a absolument aucune référence ni à l’État marocain ni à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ».

Tout repose en fait, dans le cas de la décolonisation au Sahara occidental, sur la tenue d’un référendum d’autodétermination que doit organiser la Minurso : la question est simple pour les votants : êtes-vous pour ou contre l’indépendance ? Mais, depuis 1991, date du cessez-le-feu et de la mise en place de la Minurso du temps du SG de l’ONU, l’Égyptien Boutros-Boutros Ghali, le Maroc évite cette alternative, et veut la torpiller par son plan d’autonomie, qui n’est, selon les discussions de Manhasset, qu’une des trois propositions sur la table des négociations.

Ces trois propositions sont d’abord l’indépendance directe des Sahraouis, ensuite un référendum d’autodétermination avec identification des tribus votantes, et enfin le plan d’autonomie, c’est-à-dire une gestion du territoire par les Sahraouis sous l’autorité de Rabat, une sorte de région autonome à l’image de l’Espagne.

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L'express quotidien du 04/11//2025

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