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Alger

Le président Tebboune gracie Boualem Sansal

À la demande du président allemand, le chef de l’Etat a accordé une grâce présidentielle à Boualem Sansal, emprisonné depuis novembre 2024. Ce geste, motivé par des raisons humanitaires, illustre la volonté du président de concilier humanisme et respect de la souveraineté nationale.

L’Algérie a annoncé, mercredi 12 novembre, la libération de l’écrivain Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, à la suite d’une décision de grâce présidentielle. Ce geste, pris par le président Abdelmadjid Tebboune, intervient après une demande expresse du président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, transmise le 10 novembre.

Un communiqué de la Présidence de la République algérienne a détaillé les contours de cette décision, qui témoigne à la fois d’une démarche humanitaire et d’un sens aigu de la souveraineté diplomatique.

« Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, en date du 10 novembre 2025, une demande de M. Frank-Walter Steinmeier, président de la République fédérale d’Allemagne, pays ami, concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal.
Monsieur le président de la République a réagi à cette demande, qui a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires.

En application de l’article 91, alinéa 8, de la Constitution, et après consultation conformément à la loi, le président de la République a décidé de répondre favorablement à la demande de l’ami, le président de la République fédérale d’Allemagne, et c’est l’État allemand qui prendra en charge le transfert et les soins du concerné ».

En s’appuyant sur la disposition constitutionnelle conférant au chef de l’État le droit de « grâce, de réduction ou de substitution de peine », Abdelmadjid Tebboune a opté pour un geste à la fois mesuré et empreint d’humanité. La décision a été présentée comme une réponse à un appel d’ordre humanitaire, dans un cadre bilatéral marqué par le respect mutuel et la confiance.

Boualem Sansal, écrivain franco-algérien récemment naturalisé français, purgeait une peine de cinq ans d’emprisonnement, prononcée en appel par le tribunal d’Alger. Il avait été arrêté le 16 novembre 2024, à son arrivée de Paris, après des déclarations à un média français d’extrême droite où il avait tenu des propos controversés sur les frontières de l’Algérie. Sa condamnation avait suscité un large écho à l’étranger, notamment en Allemagne, où il entretient des liens littéraires anciens.

Le président allemand avait alors sollicité, selon les termes du communiqué, « une mesure de grâce en faveur de Boualem Sansal ».
« Le Président de la République a réagi positivement à cette demande, qui a retenu toute son attention en raison de sa nature et de ses motivations humanitaires », précise encore la Présidence algérienne, avant d’ajouter que « l’État allemand prendra en charge le transfert et les soins de l’intéressé ».

Ce dénouement s’inscrit dans un contexte diplomatique particulier. Après plusieurs mois de tensions entre Alger et Paris, l’Algérie a choisi de répondre favorablement à une demande venue de Berlin, partenaire européen perçu comme plus respectueux des équilibres et de la souveraineté algérienne. L’épisode illustre une orientation diplomatique assumée, celle d’une Algérie ouverte au dialogue, mais ferme sur ses principes.

À Berlin comme à Alger, la décision a été saluée comme un signe de maturité politique. Pour les observateurs, ce geste incarne une diplomatie algérienne qui allie fermeté et discernement, capable de conjuguer humanité et souveraineté. À Paris, la réaction du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a été mesurée. Il a salué « tous ceux qui ont contribué à cette libération, fruit d’une méthode faite de respect et de calme ».

En accordant cette grâce à la demande du président Steinmeier, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que la souveraineté ne s’oppose pas à la bienveillance, et que la diplomatie, lorsqu’elle se fonde sur la réciprocité et le respect mutuel, peut devenir un instrument d’apaisement et de grandeur.

Ainsi, dans un moment où la France et l’Algérie traversent une « phase de refroidissement diplomatique », Alger réaffirme, à travers ce geste, qu’elle demeure maîtresse de ses choix et fidèle à une vision du monde fondée sur le dialogue et la dignité.

Une manière, aussi, d’inscrire la diplomatie algérienne dans la lignée d’une tradition humaniste, ancrée dans la souveraineté et la considération mutuelle entre les nations.

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