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Alger réaffirme sa ligne diplomatique

Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a animé, hier, au siège de son ministère, une conférence de presse au cours de laquelle il est revenu sur certains dossiers importants et qui revêtent un caractère sensible pour l’Algérie : Mali, Sahara occidental, Palestine.

Le ministre est ainsi revenu sur la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution 2797, et a expliqué qu’elle ne donne pas raison ni n’ouvre le Sahara occidental à l’appétit de l’occupant marocain.

Mieux, a expliqué M. Attaf, le Conseil de sécurité n’a pas adopté les thèses marocaines concernant la question du Sahara occidental, avec cette résolution.

La résolution 2797 stipule notamment dans son projet de résolution au second paragraphe que  : « réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui soit fondée sur le compromis et conforme aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, dont le principe de l’autodétermination, et notant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard ».

Contrairement donc à ce que veut faire croire le Makhzen, toute solution au conflit au Sahara occidental, y compris ‘’le plan d’autonomie’’, ne peut être appliquée en dehors d’un référendum d’autodétermination auquel doit impérativement participer le peuple sahraoui.

Et c’est là que le piège devrait se fermer sur celui qui l’a manigancé depuis 2007 lors des négociations de Manhasset, à New York, en proposant ‘’la troisième voie’’, les autres solutions sur la table étant ‘’au référendum d’autodétermination’’ ou ‘’l’intégration pure et simple au Maroc’’.

Le ministre algérien des Affaires étrangères a poursuivi : « Le dossier du Sahara occidental n’est pas clos et reste soumis aux Nations Unies, au niveau de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Comité spécial de la décolonisation (C-24) ». « La résolution adoptée par le Conseil de sécurité a préservé, dans sa teneur, tous les fondamentaux de la solution à la question du Sahara occidental, sans toucher à aucun de ses éléments interdépendants et complémentaires », a soutenu le ministre d’Etat.

Outre la préservation des fondamentaux d’une solution juste, durable et définitive à la question du Sahara occidental, la résolution 2797 du Conseil de sécurité a « réalisé des acquis majeurs permettant au Front Polisario de défendre sa position sur une base solide, pleinement ancrée dans la légalité internationale », a ajouté M. Attaf.

En fait, lors du vote du Conseil de sécurité de l’ONU le vendredi 31 octobre dernier pour la prorogation du mandat de la Mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), la partie marocaine, aidée par le président américain Donald Trump, dans le cadre des accords d’Abraham auxquels le Makhzen a honteusement adhéré, il y a eu ce passage équivoque  de ‘’plan d’autonomie’’ dans la résolution onusienne qui a fait sauter de joie, éphémère d’ailleurs, les tenants, au Maroc et ailleurs, de l’occupation et l’aliénation du Sahara occidental et ses richesses.

La prorogation d’une année du mandat de la Minurso a refroidi ces ardeurs diplomatiques et militaires. Sur la situation actuelle au Mali, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, a expliqué par ailleurs que le règlement (de la crise au Mali) passe par « les voies pacifiques et politiques inclusives ».

M. Ahmed Attaf a d’ailleurs réaffirmé que l’Algérie a toujours été l’un des plus fervents défenseurs de l’unité de l’Etat du Mali, précisant que « ce que traverse aujourd’hui l’Etat du Mali, avec l’accroissement des menaces terroristes, qui ont atteint des niveaux et une ampleur sans précédent, nous préoccupe, nous inquiète et nous attriste plus que quiconque ».

La situation politique et sécuritaire actuelle au Mali est en réalité préoccupante. Le régime des putschistes maliens est aux abois, acculé par les groupes terroristes du Jnim, qui ont imposé depuis le mois de septembre un blocus sur les carburants, paralysant l’activité politique, économique et sociale dans ce pays sahélien.

Les choses se sont nettement détériorées, avec un début de chaos politique et sécuritaire, au cours de ces dernières semaines, au point que plusieurs pays, dont les Etats-Unis, ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali au plus vite.

La hantise de plusieurs capitales occidentales est que le groupe du Jnim, affilié à Al Qaida et allié de la rébellion touarègue du nord, dont le groupe d’Iyad Ag Ghali, prenne par les armes Bamako et ne fasse tomber le régime militaire actuel qui gère d’une main de fer le pays.

En fait, ‘’l’État malien ne contrôle plus rien’’ sur son territoire et ‘’concentre ses forces autour de Bamako pour sécuriser le régime’’, explique Bakary Sambe, du groupe d’études Timbuktu Institute, basé à Dakar, au Sénégal.

Selon lui, l’adhésion (à la junte, NDLR) de départ de la population commence à s’éroder face à l’impossibilité du régime militaire de tenir sa promesse de sécurité’’.

Lors d’un déplacement lundi dernier à 150 kilomètres au sud de Bamako, le chef de la junte, Assimi Goïta, avait appelé les Maliens à faire des ‘’efforts’’, notamment en réduisant les ‘’déplacements inutiles’’, et promis de ‘’tout faire pour acheminer le carburant’’. Bamako, qui avait pourtant finalisé ses discussions, sous médiation algérienne, avec l’opposition touarègue du nord constituée de plusieurs tribus au milieu des années 2010, est retombée dans ses travers, les coups d’état militaires.

Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, après des manifestations populaires sanglantes, est renversé par l’armée, et le principal parti proche du pouvoir, le M5-RFP, approuve le putsch, estimant que ‘’ce n’est pas un coup d’État militaire mais une insurrection populaire.’’

Le 21 mai 2021, le colonel Assimi Goita prend alors le pouvoir, et plonge le pays dans une chape de plomb, l’isole de ses partenaires et voisins, et mène une politique dure contre les opposants et expulse du Mali les forces étrangères, dont les troupes françaises.

Ainsi, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf confirme lors de sa conférence de presse toute l’attention et l’inquiétude de l’Algérie par rapport à ce qu’il se passe dans ce pays voisin.

Il a souhaité que les responsables de ce pays prennent conscience que le règlement de la crise « passe par les voies pacifiques et politiques inclusives », à travers « un dialogue responsable et une réconciliation globale entre tous les enfants de ce pays, sans aucune distinction et loin de toute ingérence étrangère, qu’elle soit politique ou militaire ».

Pour le ministre algérien, ‘’cette inquiétude n’est pas seulement due au fait que l’Etat du Mali se trouve dans notre voisinage immédiat, mais elle découle aussi de l’engagement historique de l’Algérie à se tenir aux côtés de ce pays dans toutes les épreuves et crises qu’il a traversées depuis son indépendance. »

‘’L’Algérie a toujours été et demeure encore aujourd’hui l’un des plus fervents défenseurs et promoteurs de l’unité de l’Etat du Mali, avec son territoire, son peuple et ses institutions », a-t-il dit.

D’autre part, le ministre des Affaires étrangères lgérien a annoncé que l’Algérie est parvenue, lors des négociations sur le projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies concernant le « Plan de paix pour Ghaza », à y introduire un amendement « d’une extrême importance » : cet amendement vise à « permettre au peuple palestinien d’établir son Etat indépendant et souverain ».

Il a souligné que l’Algérie « est parvenue durant les négociations (sur le plan de paix à Ghaza, NDLR) à introduire un amendement d’une extrême importance à cette résolution, un amendement qui stipule que l’objectif final de cette résolution est de réunir les conditions favorables pour ouvrir la perspective d’une solution politique au conflit israélo-palestinien et permettre au peuple palestinien d’établir son Etat indépendant et souverain ».

Il explique : ‘’la résolution adoptée ne porte absolument pas atteinte aux fondements d’une solution juste, durable et définitive au conflit israélo-palestinien, telle qu’approuvée par la communauté internationale et conformément aux résolutions pertinentes de la légalité internationale ».

La résolution adoptée rappelle également « toutes les résolutions antérieures du Conseil de sécurité relatives à la question palestinienne, lesquelles constituent la doctrine onusienne pour permettre au peuple palestinien d’accéder à ses droits légitimes et légaux, à travers la fin de l’occupation de ses territoires, la concrétisation de son projet national et l’établissement de son Etat indépendant et souverain », a-t-il soutenu.

L’Etat de Palestine, né en 1988 à Alger, est aujourd’hui reconnu officiellement par 158 des 193 états membres des Nations Unies. Au mois de septembre dernier, à l’Assemblée générale de l’ONU, plusieurs pays européens, dont la France, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, la Belgique et l’Australie, ont reconnu l’Etat de Palestine.

Lundi soir, à New York, le plan de paix pour Ghaza et le déploiement d’une force internationale proposé par le président américain Donald Trump pour Ghaza a été adopté par 13 voix.

Pour le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, c’est une ‘’étape importante dans la consolidation du cessez-le-feu’’, l’Autorité palestinienne appelant de son côté à l’application immédiate de cette résolution, qui prévoit en particulier le déploiement d’une force internationale dans le territoire palestinien.

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L'express quotidien du 20/11//2025

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