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Afghanistan/Mali : Effet de dominos ?

Afghanistan/Mali : Effet de dominos ?

Les Etats Unis n’ont fait tôt quitter l’Afghanistan que les Talibans ont repris le contrôle total du pouvoir. Certains disent que les Américains ont livré le pays clé en main aux Talibans. Il n’en est rien. Pour les Américains, c’est un échec cuisant, après vingt années d’investissements et plusieurs milliards dépensés. Des cadors de l’establishment américain ont même exigé la démission du patron de la CIA, incapable de prévoir une issue aussi affligeante. 

Revenons-en aux faits. Les Talibans ont repris le contrôle du pays. Est-ce un brutal retour aux années 1990 ? Non, de toute évidence. Les nouveaux Talibans, même s’ils gardent la même idéologie (wahhabite, entendons-nous), ont changé de politique, à certains égards. L’amnistie accordée aux civils qui ont travaillé avec le gouvernement anti-Talibans et la promesse qu’il n’y aurait jamais plus d’attaques lancées contre d’autres pays à partir de l’Afghanistan sont des indices qui renforcent notre point de vue. L’incursion de la Chine et de l’Iran dans la brèche sont d’autres indices forts. Les Talibans cherchent l’appui des Chinois pour relancer une économie morte, avec que leur prise de langue avec les Iraniens (Chiites) alors qu’ils sont viscéralement wahhabite plaide aussi en faveur d’une évolution de l’esprit pachtoune. 

    Pour l’Algérie, l’Afghanistan représente un symbole fort. C’est à partir de là que le GIA a commencé à se structurer et mettre sur rails sa guérilla urbaine. L’encadrement du GIA a été majoritairement formé en terre pachtoune, rappelez-vous en : Kari Saïd, Brahim Zekkioui, Sid-Ahmed Mourad, Sid-Ahmed Lahrani, etc. sans oublier les pontifes « Takfir wal hijra », comme Cheikh Bouamrane, Abdelkader Hattab, etc. 

Trente ans plus tard, le retour en force des Talibans et le retour des Américains à leurs bases incite nécessairement à la réflexion. D’autant que pendant que les Talibans reprenaient les places fortes à Kaboul, deux attaques, d’une extrême violence, ont secoué le Mali et le Burkina Faso.

Etaient-ce des attaques d’Al Qaida ou de l’Etat islamique, qui possèdent tous les deux des franchises au sahel, par le biais de « Nosrat al-islam » et du Mujao ? La question mérite le détour car l’une et l’autre de ses branches du djihad transnational possède ses mots d’ordre, ses modus operandi, et de ce fait, conditionne une riposte spécifique.

« Un papillon bat de l’aile en Patagonie et un tsunami frappe au Japon », dit l’adage stratégique moderne, tant « l’effet butterfly » enchaîne la dialectique terroriste cause-effet de manière insidieuse.

Le rabougrissement de l’action terroriste en Algérie depuis des années, la neutralisation des principales « tête d’affiche » et l’agonie, voire la mort des idéologies plaident en faveur d’une influence nulle chez la nouvelle génération des Algériens. Toujours est-il que la question a été mise sur la table du débat au plus haut sommet du commandement militaire. Avec tout le sérieux que requiert le sujet. 

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