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Politique, économie, renseignement et société civile: Redéfinir les priorités nationales

Politique, économie, renseignement et société civile: Redéfinir les priorités nationales

Sommes-nous en train de vivre les grands virages de l’histoire ? Vraisemblablement, la réponse est oui. La guerre en Ukraine a dévoilé au grand jour qu’aujourd’hui plus personne ne concentre entre ses seules mains les outils qui lui permettent de dominer le monde, comme l’ont fait les Etats Unis depuis la chute brutale de l’ex-Urss. 

    Cette guerre qui met en confrontation des puissances sous-traitant la guerre a brutalement mis à nu la fragilité des superpuissances : ni les Etats Unis ni les Russes ni les Chinois n’ont été capables de peser de manière décisive dans cette guerre russo-atlantiste par Ukraine interposée. L’Afrique est sortie grandie par des prises de position qui ont fait grincer des dents les capitales occidentales, comme lors du vote à l’Onu pour évincer la Russie du Conseil des droits de l’homme, ou encore lors de la dernière visite de Macky Sall à Moscou, et durant laquelle il a eu droit à la « courte table » et a défendu la position africaine.  

         De même les Etats Unis, en déclin certes, encore superpuissants, cherchent à adopter une politique cohérente et fiable qui se débarrasserait des déchets qui l’ont desservi tant au Maghreb qu’au Machrek ces dernières années. Une imbrication des intérêts avec l’Algérie servirait l’un et l’autre de ces deux États sans porter préjudice aux fondamentaux de la politique étrangère et la sécurité nationale. 

             De ce fait, dans un monde en rapide transformation, avec, en prime, la nouvelle carte géopolitique du monde qui se déroule sous nos yeux, pour Alger, redéfinir les priorités nationales en matière de politique internationale, en économie, comme dans le renseignement également, dans un contexte de plus en plus exigeant, tant à l’interne qu’à l’international, est une urgence. Et c’est- je pense- ce qui est en train d’être mené aujourd’hui, avec la discrétion souhaitée,  aussi bien à l’intérieur qu’au plan des relations extérieures. La réconciliation politique, la participation des partenaires sociaux, l’apaisement du front social et la relance économique obéissent à cette logique. 

      La guerre de basse et moyenne intensité gagne chaque jour en volume et en violence. On a tous vu avec quel biais on cherche à mettre en faillite le tourisme en Algérie, par exemple, en faisant jouer le très influent Forum économique mondial.

   A nos portes sud, les données changent : au Sahel, la France, ex-puissance coloniale et acteur majeur dans la construction-déconstruction des Etats africains depuis Foccart, perd chaque jour pied et se retrouve subitement en position de parasite indésirable. Après le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Tchad s’émancipe de la tutelle de l’Elysée. Seul le Niger officiel-pour des motifs financiers surtout, Niamey restant hélas, le pays le plus pauvre du monde – lui sert encore de marchepied au Sahel. L’émergence des nouvelles élites militaires dans la prise de décision dans l’univers sub-sahariens notamment, de même que dans le Grand Sahara, ont bouleversé l’ordre des choses, de sorte que la françafrique ne tient plus, ou alors très peu.

          La philosophie dans toute politique d’Etat est un des fondamentaux, qui a sa doctrine fixe, mais qui possède également ses reflexes de transformations selon le contexte et les intrications de l’heure ; c’est cette philosophie qui agit comme une doctrine formant dans un Etat l’architecture, la charpente et le squelette de toute politique cohérente pour l’espace sur lequel elle agit. 

       L’Algérie dispose d’atouts qui doivent lui servir de leviers pour reprendre du terrain ; courtisée par les puissances du moment, chacune pour des motifs, des objectifs et des intérêts spécifiques, elle peut tirer grandement son profit de ce brusque regain d’intérêt, qui aujourd’hui, se présente sous d’autres formes et a la particularité d’être un intérêt donnant-donnant et non plus de domination. Ce qui est une nouveauté tout à fait exceptionnelle dans un contexte de guerre qui tend à s’internationaliser. 

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