L’hostilité affichée par l’Occident vis-à-vis des pays émergents qui ne se sont pas encore alignés sur sa politique de guerre envers la Russie, est en train de faire se reconstruire une nouvelle architecture au sein de l’institution militaire.
La géopolitique des hostilités a été telle en 2021-2022, avec des périls multiformes qui ont surgi à la lisière de toutes les frontières, que l’Algérie a dû opérer de nouveaux réglages afin de ne pas se laisser surprendre. Acquisition d’un armement conséquent, formation aux guerres de nouvelles générations, guerre asymétrique ou hybride, redéfinition du concept de sécurité et de défense, etc. ont été autant de motifs qui ont poussé à engager une réflexion sur le devenir de l’Anp et l’adaptation de la riposte.
La guerre en Libye aura été édifiante pour Alger. Si le couple franco-atlantiste est considéré comme celui ayant joué le rôle de tombeur de Kadhafi, d’autres acteurs ont profité de la situation pour manipuler et gérer à leur profit le chaos des djamaates libyennes ; le domino malien est tombé dans le sillage du domino libyen, de même que le domino tunisien.
Aujourd’hui, la guerre en Ukraine a convaincu les derniers réticents que le maintien de la paix ne peut être opéré sans recourir aux préparatifs de la guerre. Le concept même de maintien de la paix est une forme de guerre.
On voit aujourd’hui, comment la Turquie opère au large de la Libye, loin de ses bases en Anatolie, pour préserver sa sécurité, le bassin de la Méditerranée étant menacé par des forces hostiles à Ankara si la Libye venait à tomber entre les mains de Haftar, par exemple.
La guerre en Ukraine aura été édifiante pour les pays émergents : autant passer aujourd’hui à une vitesse supérieure, préparer la riposte et faire en sorte de ne plus être dépendant de ceux qui écrasent résolument le droit des peuples et le foule aux pieds au nom de sophismes dont la nature n’échappe plus à personne.
