Psychologue clinicien et psychothérapeute familial, Mourad Touak, spécialisé ces dernières années dans la motivation et le développement personnel, vient de sortir un nouveau livre en France intitulé « Vivre le Bonheur au quotidien, guide pratique pour réussir sa vie ». À cette occasion, nous l’avons interrogé sur son nouveau livre, mais aussi sur le développement personnel qui gagne de plus en plus d’espace dans l’univers éditorial.
L’Express : Vous venez de publier un ouvrage sur le bonheur. En quoi est-il différent des autres livres déjà disponibles sur le marché ?
Mourad Touak : Ces dernières années, de plus en plus d’auteurs, notamment des psychologues, mais aussi des philosophes et des sociologues, s’intéressent au sujet du bonheur, et c’était également mon cas. Il existe même toute une nouvelle science qui s’engage dans ce sens : la psychologie positive, parfois appelée « psychologie du bonheur ». À ma connaissance, il est impossible d’arrêter d’écrire sur le bonheur, car il n’existe pas de solution miracle pour l’atteindre. Les études dans ce domaine révèlent sans cesse de nouvelles méthodes pour être heureux. Dans mon ouvrage, j’apporte mon expérience personnelle ainsi que celle des personnes que j’ai côtoyées. Chaque expérience personnelle est une sorte de légende personnelle qui peut servir d’exemple à autrui. C’est pourquoi mes nouvelles publications sur le bonheur peuvent être considérées comme une mise à jour.
Vous vous êtes inspirés de votre expérience personnelle, mais aussi des nombreux autres ouvrages consacrés au développement personnel. Quels sont les auteurs qui vous ont le plus inspiré pour l’écriture de votre ouvrage ?
Tout à fait, j’ai puisé mon inspiration dans mes expériences personnelles et professionnelles, ainsi que dans mon engagement au sein du mouvement associatif et en ma qualité de président de la cellule de crise pendant la période du COVID-19. J’ai également beaucoup aimé lire les livres de psychologie positive d’auteurs américains comme Tal Ben Shahar, Carl Gustav Jung et les auteurs de la thérapie cognitive et comportementale. En développement personnel, je me suis inspiré de Tony Robbins, Jim Rohn, Napoléon Hill, Zig Ziglar et Stephen Covey. J’ai également puisé dans la philosophie ancienne, notamment le stoïcisme avec Épictète, Sénèque et Marc Aurèle, mais aussi dans d’autres courants comme l’épicurisme, l’aristotélisme, le scepticisme, le sensualisme et le rationalisme, ainsi que dans les ouvrages de penseurs comme Aristote, Socrate, Montaigne, Spinoza et Frédéric Lenoir. Je ne peux pas oublier non plus le psychiatre français Christophe André, passionné de psychologie positive.
Quelles ont été les motivations qui vous ont poussé à vous spécialiser dans le développement personnel, alors que vous êtes psychologue clinicien ?
Le développement personnel est très populaire dans le monde, mais il n’est pas basé sur des études scientifiques comme c’est le cas pour la psychologie positive, fondée en 1998 par le psychologue américain Martin Seligman. Cela dit, c’est un domaine passionnant, et selon moi, ce sont les psychologues qui doivent l’investir. D’ailleurs, le célèbre psychologue Carl Gustav Jung a dit un jour que la psychologie n’est pas uniquement destinée à soigner les troubles psychiques et mentaux, mais aussi à accompagner les gens dans leur travail personnel, ce que je considère comme l’un des pères fondateurs du développement personnel et de la psychologie positive.
Les livres de développement personnel sont très demandés ces dernières années. Comment expliquez-vous cet engouement pour ce genre de livres ?
Nous vivons dans un monde en perpétuel mouvement, un monde de grande vitesse, notamment grâce aux avancées technologiques et à l’essor des smartphones et des réseaux sociaux. Les gens vivent dans un stress permanent. D’ailleurs, les médecins prescrivent très facilement des somnifères ou des antidépresseurs pour soulager les maux les plus insignifiants. D’autre part, les gens cherchent des solutions miracles pour avoir confiance en eux et vivre heureux. Certes, beaucoup de livres efficaces existent, mais beaucoup d’autres aussi proposent des raccourcis pour trouver le bonheur, ce que je trouve être une arnaque.
Ces livres ont-ils réellement changé les gens ? Existe-t-il des statistiques sur l’impact des ouvrages de développement personnel sur leurs lecteurs ?
Je ne pense pas qu’il y ait des statistiques à ce sujet, mais beaucoup d’experts critiquent ce genre de livres, car selon eux, ils proposent des méthodes faciles pour trouver le bonheur et la réussite dans la vie. Toutefois, il est reconnu que les livres ont le pouvoir de nous émouvoir, de nous remuer, de nous pousser à l’action. Certains livres exercent un effet bénéfique sur celui qui les lit. Ces livres sur le développement personnel ont donc inévitablement un impact sur les lecteurs. Cependant, à ma connaissance, seule l’action qui suit la lecture permet de changer les gens. Ainsi, même si la lecture est bénéfique, il est encore mieux de passer à l’action. Comme le disait le dalaï-lama : « Grâce à l’action, on peut changer, on peut se transformer. »
Quelles sont les recettes que vous recommandez pour cultiver au quotidien l’esprit positif ?
Tout d’abord, je le dis souvent : il n’existe pas de recette miracle ni de raccourci pour vivre le bonheur et réussir sa vie. Mais aujourd’hui, le bonheur, l’espoir et la réussite s’apprennent grâce aux méthodes de la psychologie positive. Le premier pas pour cultiver un esprit positif est d’être conscient de nos choix, de nos décisions, de nos pensées, de nos comportements, de nos émotions et de nos habitudes. D’une manière générale, l’être humain vit et réagit de manière conditionnée. Pour cela, il est important de savoir qu’il existe un espace entre le stimulus et la réponse, que l’on peut appeler le « pouvoir de choisir ». Choisir nos comportements, nos fréquentations, nos pensées et nos réactions, bref, choisir sa vie en général. À ce propos, le philosophe Marc Aurèle a dit : « Vous avez le pouvoir sur votre esprit et non sur les événements extérieurs. Lorsque vous en prenez conscience, vous trouvez la force ». Dans mon livre, j’ai ajouté des exercices à la fin de chaque chapitre pour aider le lecteur à passer à l’action.
Avez-vous un ouvrage en cours ?
Beaucoup même, parce que je n’arrête pas d’écrire, de suivre des formations aux nouvelles techniques thérapeutiques et d’écrire en France, tout en continuant à lire beaucoup et quotidiennement. Pour moi, si la lecture est bénéfique, l’écriture est thérapeutique.
Je vous laisse conclure.
Tout d’abord, je tiens à remercier le journal Express pour cet espace d’échange. J’aimerais un jour investir en Algérie pour partager mes connaissances, car je le dis souvent, je préfère être une rivière qui diffuse ses connaissances plutôt que de les garder pour moi. J’aimerais aussi que les gens prennent la lecture comme une habitude, parce que la lecture permet de changer et de s’améliorer.
