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Alger

L’agriculture se réinvente

Portée par une volonté politique, l’agriculture nationale connaît une transformation en profondeur. Des investissements massifs sont engagés, notamment dans les régions sahariennes, pour faire de ce secteur un pilier de la souveraineté alimentaire et un levier majeur de développement économique.

Ayant pour thème la modernisation du secteur stratégique, voire vital, en l’occurrence l’agriculture, les travaux de la Conférence nationale ont débuté ce lundi au centre international des conférences (CIC) « Abdelatif Rahal » à Alger, sous la houlette de Yacine El Mehdi Oualid, ministre de l’Agriculture, en présence de membres du gouvernement, du président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), Mohamed Boukhari, ainsi que du directeur général des Douanes, Abdelhafid Bekhouche.

Ciblant pour objectif primordial la définition des orientations stratégiques et la mise en place de mesures opérationnelles à même de faire de ce secteur un moteur de la croissance économique, l’événement a regroupé aussi plusieurs responsables d’institutions, d’entreprises économiques et d’établissements financiers, ainsi que des représentants d’organisations internationales, et des experts nationaux et étrangers spécialisés dans le domaine agricole.

La manifestation vient à point nommé pour décortiquer les mesures, procédures et moyens à des fins de modernisation du secteur sur lequel repose l’essor de développement de l’économie nationale, en tant qu’alternative de l’après-pétrole.

De ce fait, et deux jours durant, plusieurs ateliers sont organisés autour des thèmes liés à l’intensification et à l’amélioration de la production dans les filières stratégiques.

Aussi la gestion durable des ressources hydriques agricoles, la modernisation à travers la mécanisation, l’agriculture intelligente, et le financement de l’assurance agricole et de la couverture sociale ne sont pas en reste.

D’autres thèmes, et pas les moindres, seront aussi abordés à l’occasion par les participants. Il s’agit du développement des filières agricoles et de l’organisation des marchés, deux facteurs clés dont sont tributaires l’équilibre entre l’offre et la demande, la transition numérique ainsi que la mise en place d’un système d’information agricole intégré, ainsi que la clarification et la régularisation du statut foncier des exploitations agricoles, ainsi que la réforme institutionnelle et la modernisation de la gouvernance du secteur.

Enfin, si l’on se réfère aux chiffres impressionnants révélant l’ampleur de la production agricole du pays ces dernières années, et à son rôle primordial dans l’économie nationale, la conférence nationale constitue le levier nécessaire pour l’essor de développement du secteur stratégique, pouvant garantir la sécurité alimentaire prônée par le président de la République.

Cette donne est réalisable si l’on tient compte de la pleine expansion enregistrée par le secteur agricole ces dernières années, et des potentialités que recèle la région sud du pays en matière de production céréalière, avec des niveaux record allant jusqu’à la production moyenne de 50 à 60 quintaux/ha, voire atteignant le pic remarquable de 85 qx/ha.

Cela sans oublier l’augmentation de la production des fruits et légumes, permettant de satisfaire l’ensemble du marché intérieur, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des importations. Malgré des chiffres globalement encourageants, 35 milliards de dollars de production annuelle, une contribution de 14 % au PIB et 2,6 millions d’emplois, l’agriculture reste loin d’exploiter tout son potentiel.

Certains indicateurs, dévoilés par le ministre de l’Agriculture Yacine El Mehdi Oualid, en disent long sur les marges de progression. Sur un territoire vaste de 2,38 millions de kilomètres carrés, les surfaces agricoles exploitées ne représentent que 8,5 millions d’hectares, soit à peine 3,6 % de la superficie nationale.

Ce déséquilibre structurel illustre le retard accumulé dans la mise en valeur des terres. Autre constat alarmant : la part de l’irrigation moderne reste limitée à 15 % seulement, freinant la productivité d’exploitations encore largement dépendantes de méthodes traditionnelles. Résultat, le rendement moyen des céréales plafonne à 18 quintaux à l’hectare, contre 35 quintaux dans des pays soumis à des conditions climatiques similaires.

Le gouvernement ambitionne de combler cet écart dans les cinq prochaines années, grâce aux réformes et à la modernisation en cours. Le secteur laitier illustre lui aussi ce déficit de performance.

La production moyenne annuelle s’élève à 3 000 litres par vache, soit la moitié de la moyenne mondiale. À cela s’ajoute la perte d’une partie des volumes produits, faute d’infrastructures de conservation suffisantes, notamment en matière de chaîne du froid.

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L'express quotidien du 29/10//2025

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