L’ambassadrice des États-Unis en Algérie, Elizabeth Moore Aubin, s’apprête à quitter ses fonctions après plus de trois années passées à Alger. Nommée en 2021 et entrée en fonction en 2022, la diplomate américaine fait partie d’une vague de chefs de mission dont le départ a été notifié par l’administration Trump, dans le cadre d’une réorganisation de la diplomatie américaine à l’étranger.
Le 20 août 2025, quelques mois avant l’annonce de son départ imminent, Elizabeth Moore Aubin animait une conférence de presse au siège de l’ambassade des États-Unis à Alger. Elle y insistait sur la solidité des relations bilatérales, affirmant que « les États-Unis accordent une grande importance à leur partenariat solide et croissant avec l’Algérie. Notre relation couvre un large éventail de secteurs, notamment de la sécurité à la coopération économique, en passant par bien d’autres domaines ».
Elle soulignait également le rôle international de l’Algérie : « Nous sommes fiers de travailler avec l’Algérie alors qu’elle siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Le leadership de l’Algérie sur les questions internationales est louable, et nous nous réjouissons à la perspective de renforcer notre collaboration sur des priorités communes ».
Durant son mandat, la coopération sécuritaire a constitué l’un des axes structurants de la relation bilatérale. Elizabeth Aubin rappelait ainsi que « les États-Unis et l’Algérie ont franchi plusieurs étapes importantes dans leur relation bilatérale cette année.
En janvier, nos deux nations ont signé un protocole d’accord sur la coopération en matière de sécurité, une étape importante qui souligne notre engagement commun à promouvoir la paix et la stabilité au niveau national, régional et mondial ». La coopération agricole a également été mise en avant comme un levier concret du partenariat.
L’ambassadrice rappelait qu’« en novembre dernier, le ministère algérien de l’Agriculture a signé un certificat d’importation pour permettre l’importation de vaches laitières et de bovins de boucherie en provenance des États-Unis », précisant que ce dispositif complétait « un précédent certificat autorisant l’importation de matériel génétique bovin ».
Elle annonçait par ailleurs une avancée symbolique : « La bonne nouvelle, c’est que les premières vaches issues du matériel génétique américain importé en 2024 sont nées cette année autour de l’Aïd, à la ferme Boussouf, dans la wilaya de Mila. Nous espérons que ces deux certificats contribueront à accroître la production nationale ». Sur le plan économique, Elizabeth Moore Aubin a régulièrement souligné « la dynamique croissante des relations bilatérales sur le plan commercial et de l’investissement ».
Elle citait notamment la participation algérienne au sommet SelectUSA 2025 : « Un autre moment marquant cette année a été la participation de l’Algérie au sommet d’investissement SelectUSA 2025 aux États-Unis.
L’Algérie a envoyé la plus grande délégation d’Afrique du Nord au sommet pour explorer des opportunités commerciales stratégiques et mieux comprendre l’environnement d’investissement américain. Cette forte participation reflète l’intérêt croissant de l’Algérie à renforcer les liens commerciaux et d’investissement bilatéraux ».
Dans la même dynamique, elle rappelait la rencontre, le 27 juillet, entre Massad Boulos, conseiller principal du président Donald Trump pour l’Afrique, et le président Abdelmadjid Tebboune, en présence des ministres Attaf et Arkab, consacrée à l’avancement de la coopération commerciale et aux questions de paix et de stabilité sur le continent africain.
Elizabeth Moore Aubin a aussi inscrit son action dans une perspective historique, rappelant plus de deux siècles de relations diplomatiques entre les deux pays depuis le traité de paix et d’amitié de 1795.
Elle a souligné à plusieurs reprises le rôle central de la diplomatie dans le leadership américain et sa conviction que les deux pays peuvent continuer à développer un partenariat durable. Son départ s’inscrit toutefois dans un contexte politique américain plus large. Selon l’agence AP, 29 chefs de mission américains à l’étranger ont été informés que leur mandat prendrait fin en janvier 2026.
L’administration Trump justifie cette décision par une « procédure standard dans toute administration », rappelant qu’un ambassadeur est « un représentant personnel du président » et qu’il appartient au chef de l’État de s’assurer que ses diplomates « font avancer le programme America First ».
Les remaniements concernent notamment 15 ambassades en Afrique, dont l’Algérie. Si Elizabeth Moore Aubin quittera prochainement Alger, elle ne quitte pas pour autant la diplomatie américaine. Les diplomates concernés par cette réorganisation pourront rejoindre d’autres fonctions à Washington.
À ce stade, aucun nom n’a été avancé pour lui succéder. Son passage en Algérie aura été marqué par une présence de terrain et des déplacements à travers le pays, ainsi que par un intérêt soutenu pour la promotion du patrimoine culturel algérien. Un style qui lui a valu une image globalement positive auprès de nombreux Algériens, au moment où s’achève un mandat inscrit dans une phase de rapprochement pragmatique entre Alger et Washington.

