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Alger

Nouveau tour de vis de la B.A.

La Banque d’Algérie serre une fois encore la vis et mène de front un courageux processus de digitalisation des opérations bancaires, pour ne pas trop laisser le gap numérique dépasser la sphère monétaire nationale par rapport aux évolutions technologiques mondiales où, déjà, on ne parle plus de monnaie en liquide mais souvent aujourd’hui en ‘’bitcoins’’.

Après les mesures conservatoires et préventives connues sous le Règlement n°24-03 du 24 juillet 2024 (prévention contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive), et l’instruction n°03-24 du 24 novembre 2024 (renforcement de la vigilance bancaire basée sur les risques et la priorité aux moyens scripturaux), la Banque centrale algérienne a, dimanche 22 décembre 2025, émis une autre note concernant les dépôts en liquide.

Cette note (n°02/DGIG/2025) stipule notamment que les comptes commerciaux doivent être dorénavant alimentés principalement par des moyens de paiement scripturaux, c’est-à-dire par virements bancaires ou postaux ou par cartes CIB, et les dépôts en espèces seront fortement limités et dans des situations exceptionnelles et dûment justifiées.

‘’Par conséquent, les banques devront évaluer chaque demande de dépôt cash avec une vigilance renforcée’’, préconise la Banque centrale. En fait, ce nouveau resserrement dans la circulation de la monnaie en liquide en Algérie, ainsi que les dépôts, n’a d’autres objectifs que ceux visant la lutte d’abord contre le blanchiment d’argent, l’alimentation de réseaux du grand banditisme et le blanchiment d’activités illicites.

La protection du système bancaire national contre les activités illicites, la fermeture de l’accès aux banques aux opérations délictueuses et la lutte contre ‘’l’agent sale’’ sont d’ailleurs contenues dans les notes de la Banque d’Algérie précédemment émises, comme le règlement n° 24-03 du 24 juillet 2024.

Ceci dit, la Banque d’Algérie confirme une autre politique monétaire qu’elle mène depuis quelques années, avec la fin progressive des échanges marchands ou de paiements en liquide en leur substituant les moyens scripturaux, dont la carte bancaire pour une meilleure visibilité des opérations commerciales et bancaires et pour plus de confort aux usagers avec l’utilisation généralisée des TPE (terminaux de paiement électronique).

Cette nouvelle mesure de la Banque d’Algérie s’intègre par ailleurs dans la politique de l’institution monétaire algérienne de mettre progressivement un terme aux paiements en cash. Au mois d’octobre dernier, faut-il le rappeler, le gouverneur de la Banque d’Algérie avait en fait annoncé qu’il n’y aurait plus de cash dans les transactions financières et bancaires à partir de 2028.

Cette annonce intervenait d’ailleurs pour mettre fin à la monnaie en circulation dans les réseaux financiers et commerciaux parallèles, et pour capter les milliards de dinars qui circulent dans les réseaux parallèles ou thésaurisés dans des bas de laine pour alimenter le commerce informel.

En réalité, l’effet d’annonce lancé officiellement par le patron de la Banque centrale algérienne met tous les intervenants, autant commerçants, particuliers qu’institutionnels (sociétés, établissements publics, etc.) devant la nécessité de se préparer à cette échéance, c’est-à-dire à entrer comme acteurs actifs dans l’ère de la numérisation et de la digitalisation du système bancaire national.

Plus de cash dans les transactions financières, c’est acheter et vendre avec carte, faire des paiements avec de grosses sommes d’argent par transferts bancaires, et ne plus se balader avec des cabas contenant des centaines de millions de dinars.

C’est la fin de l’ère des dinosaures, et l’institution bancaire nationale veut faire coup double : d’une part, limiter au strict minimum la circulation de la monnaie sur les circuits commerciaux, et, d’autre part, ouvrir la voie aux opérations commerciales, même avec de grosses sommes, aux mécanismes bancaires modernes, la carte CIB, les règlements numérisés, qui bénéficient d’une traçabilité sans faille.

Il s’agit, au fond, pour la Banque d’Algérie, de sécuriser les paiements, les gros dépôts, les transferts d’argent à l’international, et de mettre progressivement fin à la circulation d’argent et les transactions commerciales à travers les circuits informels.

Et faire entrer le pays dans l’ère de la digitalisation et de la numérisation, de sorte qu’un simple transfert d’argent ou de paiement se fasse par carte bancaire ou par TPE (terminal de paiement électronique).

Dans la foulée, le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et du banditisme, et toutes les actions délictueuses liées au grand banditisme (trafic de drogue notamment) sont bloqués, sinon identifiés et annihilés avec le resserrement des opérations de dépôts de grosses sommes d’argent.

L’objectif de la nouvelle note de la Banque d’Algérie est donc clair : accélérer la fin du cash et l’avènement de la traçabilité dans toutes les transactions et opérations commerciales ou bancaires afin d’identifier les donneurs d’ordre, les acteurs et les actifs des opérateurs.

Cette note a enfin l’avantage de mieux contrôler les flux financiers importants comme elle tente de réduire les transactions non transparentes, tout en encourageant la transition vers les paiements numériques pour s’aligner sur les standards des systèmes financiers internationaux.

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