Au Gabon, des membres de divers corps de sécurité (armée, garde républicaine et gendarmerie) ont annoncé dans la nuit de mardi à mercredi avoir annulé les élections de samedi dernier, dissous les institutions et renversé le régime d’Ali Bongo. « Nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a justifié un militaire dans une allocution à la télévision locale.
Alors que la situation demeure compliquée au Niger où une solution diplomatique peine à se dessiner et où la menace d’une intervention étrangère plane toujours, le coup d’État au Gabon vient confirmer une tendance en vogue ces dernières années en Afrique : la succession des coups de force.
Pas moins de quatre putschs ont été enregistrés sur le continent ces trois dernières années : Mali (août 2020 et mai 2021), Guinée Conakry (septembre 2021), Burkina Faso (janvier 2022) et Niger (juillet 2023).
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a réagi hier à cette tentative de coup d’Etat. Il l’a condamnée « fermement ». Par voie de communiqué, Moussa Faki Mahamat a dénoncé « une violation flagrante des instruments juridiques et politiques de l’Union africaine, dont la Charte africaine sur les élections, la démocratie et la gouvernance ».
Le président de la Commission de l’UA a appelé « l’armée nationale et les forces de sécurité à s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l’intégrité physique du président de la République [Ali Bongo], des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement ».
Moussa Faki Mahamat a également déclaré suivre « avec une grande inquiétude la situation en République gabonaise.
De son côté, le secrétaire général de l’ONU « condamne fermement la tentative de coup d’Etat en cours » au Gabon, a déclaré hier son porte‐parole Stéphane Dujarric, appelant tous les acteurs à la « retenue » et au « dialogue ».
Antonio Guterres « note avec une grande inquiétude l’annonce des résultats des élections dans le contexte d’informations concernant des violations graves des libertés fondamentales (..) », a‐t‐il fait savoir, appelant les forces de sécurité à « garantir l’intégrité physique du président de la République et de sa famille ».
Le président, Ali Bongo Ondimba, a été placé en « résidence surveillée », « entouré de sa famille et de ses médecins », et l’un de ses fils a été arrêté, notamment pour « haute trahison », ont assuré à la télévision les militaires ayant pris le pouvoir mercredi.
Ali Bongo a appelé dans une vidéo « tous » ses « amis » à « faire du bruit ». On l’y voit, sans pouvoir déterminer le moment où la vidéo a été tournée, assis dans un fauteuil, et il assure être dans sa « résidence ».