25.9 C
Alger

Face à l’explosion du trafic de drogues et d’armes: L’Amenokal du Tassili tire la sonnette d’alarme

Pour la première fois, l’Amenokal des Touaregs du Tassili n’Ajjer, El-Bekri Ghouma, a pris la parole publiquement pour alerter sur l’ampleur du trafic de drogues et de substances psychotropes dans le Sud algérien.

Dans un communiqué rendu public dimanche passé, il exprime une « vive inquiétude » face aux saisies répétées effectuées par l’Armée nationale populaire et les différents services de sécurité, en particulier dans la région du Tassili et près des frontières.

El-Bekri Ghouma est également membre du Conseil de la Nation, désigné au titre du tiers présidentiel. Il indique que les quantités de drogues interceptées représentent un « danger imminent ciblant notre jeunesse et notre société ». Selon lui, cela montre « l’activité intense des réseaux criminels organisés qui commercent avec des vies humaines, exploitant l’immensité géographique de la région ».

Ce communiqué est une première de la part d’un chef traditionnel touareg dans cette région située à l’extrême sud-est de l’Algérie. Il intervient dans un contexte marqué par une recrudescence du trafic de drogues dures et de médicaments psychotropes à travers le désert. Des opérations récentes menées par les forces de sécurité ont permis d’intercepter des cargaisons importantes dans des zones très éloignées des centres urbains, prouvant l’ampleur d’un phénomène en pleine expansion.

Le communiqué souligne aussi un autre point grave, ces réseaux criminels « introduisent des armes et des munitions et n’hésitent pas à les utiliser », ce qui constitue « une menace directe pour la sécurité des personnes, des biens, ainsi que pour la paix et la stabilité de nos zones frontalières ». El-Bekri Ghouma qualifie ces actes de « violation flagrante de la souveraineté nationale ».

Il exprime par ailleurs « une grande fierté » à l’égard des efforts fournis par les forces armées algériennes, « dans toutes leurs composantes », pour sécuriser les frontières et démanteler les réseaux de contrebande. Il salue l’engagement continu de l’ANP, qu’il considère comme un rempart contre l’insécurité et la déstabilisation de la région.

L’Amenokal appelle aussi à la mobilisation de tous les habitants du Sud, et en particulier des jeunes. Il insiste sur la nécessité d’une « vigilance accrue » et d’une « coopération étroite avec les services compétents », notamment en signalant tout comportement suspect ou activité illégale. Selon lui, seul un « engagement collectif » pourra freiner l’influence grandissante de ces réseaux dans les zones désertiques.

La lutte contre le trafic de drogues et d’armes dans le Sud ne peut reposer uniquement sur les forces de sécurité. Elle exige également l’implication directe des populations locales. Cette alerte lancée par une figure traditionnelle respectée montre que le « phénomène » dépasse aujourd’hui le simple cadre du trafic. Il touche à la stabilité sociale, à la santé publique, à la souveraineté et à la sécurité nationale.

Depuis quelques années, les itinéraires empruntés par les trafiquants ont évolué. Le sud du pays est devenu un espace de transit et de stockage privilégié, notamment pour les psychotropes. Ces « produits » arrivent par des routes transsahariennes, échappant parfois aux radars de la surveillance. La topographie difficile, les vastes zones inhabitées, la longueur des frontières, mais aussi la précarité sociale de certaines régions facilitent cette évolution.

Face à cette réalité, de nombreuses voix s’élèvent pour demander des mesures renforcées, non seulement sur le plan sécuritaire, mais aussi en matière de développement. Car les trafics prospèrent là où l’absence de l’État se fait sentir. L’intervention d’El-Bekri Ghouma rappelle que les chefs traditionnels ont un rôle important à jouer, en tant que relais de terrain, pour alerter, sensibiliser et mobiliser.

Articles de meme catégorie

L'express quotidien du 17/06//2025

Derniers articles