Les pays européens ne savent plus sur quel pied danser face à la situation actuelle du marché mondial du gaz, une situation née de la guerre en Ukraine. Dans beaucoup d’entre eux, l’approvisionnement en gaz est perturbé. Et les choses ne peuvent que s’aggraver, à l’heure où les nuages de la guerre s’épaississent.
Que faire ? Dans son dernier rapport, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) formule des pistes de solution. Keisuke Sadamori, directeur « Marchés et sécurité énergétique » au sein de l’AIE, cité dans ce rapport, estime que, face à une flambée des prix inévitable, alors que les pays du monde entier se font concurrence pour les expéditions de gaz naturel liquéfié, « la réponse la plus durable à la crise énergétique mondiale actuelle consiste à renforcer les efforts et les politiques pour utiliser l’énergie plus efficacement et accélérer les transitions vers les énergies propres, comme le biogaz, le biométhane et l’hydrogène vert ».
De son point de vue, cela permettrait de « calmer » la flambée des prix et « faciliterait » l’accès des marchés émergents à des approvisionnements susceptibles de contribuer à court terme à une amélioration de l’intensité carbone et de la qualité de l’air. A l’inverse, a-t-il ajouté, l’effort grandissant de l’Europe pour éliminer le gaz russe en le remplaçant par du gaz naturel liquéfié (GNL), conjugué à une capacité mondiale limité à accroître les exportations de GNL, « augmente le risque » de tensions sur le marché.
Le rapport de l’AIE relève, par ailleurs, la consommation mondiale de gaz devrait légèrement reculer en 2022 en conséquence du conflit en Ukraine, qui devrait freiner la progression de la demande pour les années à venir. Il y est également expliqué que la consommation mondiale de gaz naturel devrait « se contracter légèrement » en 2022 et « croître lentement » au cours des trois années suivantes, alors que le conflit en Ukraine fait grimper les prix et alimente les craintes de perturbations persistantes des approvisionnements.
Conséquence de cette nouvelle donne géopolitique, la demande mondiale de gaz devrait augmenter au total de 140 milliards de mètres cube (bcm) entre 2021 et 2025, soit moins de la moitié du total prévu précédemment et moins que la progression de 170 bcm constatée pour la seule année 2021, marquée par un redémarrage de l’économie mondiale paralysée en 2020 par la pandémie de Covid, constate l’AIE.
Il est temps de repenser le modèle de consommation
Un frein pour les prochaines années imputable essentiellement à la plus faible activité économique et à un moindre basculement du charbon et du pétrole vers le gaz. Un cinquième seulement » de cette baisse de la croissance peut être attribué à une meilleure efficacité énergétique et à un remplacement du gaz par les énergies renouvelables, selon ce rapport.
Ce constat met en lumière la nécessité d’accélérer la transition vers les énergies propres, selon l’AIE. Ainsi, une métamorphose, une véritable mutation est en train de s’opérer sur le marché gazier en Europe.
Entre autres conséquences de ces transformations, il faut s’attendre à une redistribution des cartes sur l’échiquier énergétique international. Sonatrach fait partie des acteurs les plus importants sur ce marché. Elle doit profiter des opportunités s’offrant à elle en Europe, tout en gardant un œil sur ses objectifs sur le marché domestique, dont les besoins sont grands.
Le problème est que la consommation annuelle de gaz sur le marché local augmente d’année en année. Il ne s’agit pas du seul problème, mais c’est un problème dont doit tenir compte Sonatrach. Il faut dire qu’aujourd’hui, L’Algérie n’a pas beaucoup de flexibilité pour privilégier un modèle énergétique très différent du modèle actuel, car, il restera encore très longtemps essentiellement centré sur les hydrocarbures. Elle se limitera à quelques ajustements telles que la promotion du GPLc et du GNc par rapport aux autres carburants plus chers, plus polluants et moins abondants.
L’opération induirait une consommation supplémentaire de ces derniers. Le pays privilégiera de même les économies d’énergie et l’efficacité énergétique qui pourrait économiser des millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) d’ici 2030. A cela s’ajoutent les énergies renouvelables (EnR) qui font l’objet d’un programme adopté en 2011 puis promu au rang de priorité nationale en 2016 avec l’ambition d’installer une puissance de 15000 MW à l’horizon 2035.
Bien que tout apport provenant des EnR soit à encourager, force est de constater que sa contribution dans le bilan énergétique national sera minime d’ici 2030 et même bien au-delà, font observer certains experts. D’abord, parce qu’il serait illusoire de penser que le programme sera achevé à cette date, alors que depuis 2011, moins de 2% ont pu être réalisés. Ensuite, quand bien même, par miracle, il se réaliserait d’ici 2035, les 15000 MW ne représenteraient qu’une puissance intermittente. Comparés à la production globale d’énergie fossile du pays, les EnR n’en représenteraient que quelques petits pourcents.