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Alger

Déclaration d’Alger: paroles d’experts

La Déclaration d’Alger, lue par le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, à l’issue du sommet, souligne que les pays membres appellent à la préservation des droits souverains et absolus des États membres sur leurs ressources naturelles comme ils se sont engagés à renforcer le rôle du forum dans la contribution à une distribution équitable de l’énergie dans le monde.

Paroles d’experts

MAHMAH BOUZIANE, EXPERT DES MARCHÉS ET EX-SG DU MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE :

«Promouvoir la valeur du gaz dans la gamme énergétique mondiale» L’expert en énergies et ancien SG du ministère des Energies renouvelables, Mahmah Bouziane, a assuré à l’Express que «les représentants des pays exportateurs de gaz sont tout à fait conscients des enjeux énergétiques en cours et qu’ils travaillent avec application à renforcer la position des pays exportateurs dans la mise en valeur de leur produit afin de s’imposer vigoureusement dans le marché gazier».

Alors que les investissements dans le segment gazier imposent aux Etats producteurs de gros budgets, «il est tout à fait légitime que ceux‐ci tentent de protéger leurs investissements et cherchent à les rentabiliser contre un marché volatile et des jeux de marché aléatoires».

Selon notre expert, «les pays producteurs travaillent également de concert avec les pays dits «consommateurs» afin qu’il y ait consensus entre producteurs et acheteurs dans la visibilité et la transparence» ; pour cela, dit‐il, «il faut une certaine maîtrise de l’offre et de la demande», et partant, «le Forum des pays exportateurs œuvre également à promouvoir la valeur du gaz, sa fonction d’allié des peuples, sa valeur ajoutée dans la gamme énergétique mondiale et environnementale».

«Partant de tout cela, les pays producteurs promeuvent la valeur du gaz en tant que meilleur combustible possible pour la planète, à tous points de vue, y compris son coût, à la portée de tous, et de ce fait, incitent à un meilleur investissement dans le secteur gazier».

ABDELMADJID DEBI, RECTEUR DE LA FACULTÉ DES HYDROCARBURES ET DES ÉNERGIES RENOUVELABLES, OUARGLA : «IL S’AGIT D’UN CARTEL
DÉTENTEUR DE 40% DE LA PRODUCTION MONDIALE»

«Personnellement, je prends en considération trois points essentiels, concernant ce Sommet du gaz. D’abord, il s’agit de pays qui possèdent 70% des réserves mondiales du gaz ; ensuite, c’est un cartel qui est détenteur de 40% de la production mondiale ; enfin, les pays présents aujourd’hui, à Alger, sont maîtres de 50 % des transports gaziers via les pipelines».

«Ce faisant, je dois également énumérer les trois objectifs qui doivent accompagner la puissance gazière, à savoir la justice sociale, le développement durable et le respect de l’environnement».

DR REDOUANE ABBASI, EXPERT : «UNE SYMBOLIQUE FORTE»

«La tenue du sommet du Forum des pays exportateurs de gaz en Algérie coïncide avec le 60e anniversaire de l’arrivée de la première cargaison de gaz naturel liquéfié que l’Algérie a exportée vers la Grande‐Bretagne en 1964». Abbasi a indiqué, en outre, que «le Sommet du gaz d’Alger prend de la consistance et beaucoup de symbolique à un moment où les hostilités contre l’Algérie fusent de toutes parts, et cela lui confère une certaine hauteur politique pour défendre ses intérêts économiques et ceux du cartel gazier dans lequel il s’active».

MOHAMED HAMMAM, SG DU FORUM ET EXPERT GAZIER : «NOMBRE DE PAYS PRODUCTEURS VEULENT OBTENIR LE STATUT D’OBSERVATEUR»

Le secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz, Mohamed Hamman, s’est félicité, d’abord, de voir que «l’afflux des Etats membres du Forum en Algérie serait l’occasion d’inaugurer le nouveau siège de l’Institut de recherche sur le gaz du Forum. «De même, le Forum sera une occasion attendue pour parapher unmémorandum d’accord avec la Commission africaine de l’énergie,

l’Institut de recherche économique pour les pays de l’Asie du Sud‐Est et de l’Asie de l’Est, en plus d’honorer des personnalités et des institutions exemplaires pour leur contribution distinguée dans le secteur du gaz. Ce Forum est d’autant plus intéressant que nombre de pays producteurs de gaz naturel cherchent à le rejoindre et à obtenir le statut d’observateur».

NOUREDDINE LEGHELIEL, EXPERT DES MARCHÉS PÉTROLIERS ET ANALYSTE À LA BOURSE DE STOCKHOLM : «RETOMBÉES IMMÉDIATES DU SOMMET D’ALGER SUR LES PRIX»

L’analyste de la Bourse de Stockholm, Noureddine Legheliel, qui a participé jeudi à la séance d’ouverture de la 7e séance du forum au niveau des experts, a confirmé que les prix du gaz «ont augmenté lundi de 18 % au marché américain, et 15 % sur le marché européen, et cette hausse peut être comprise dans l’ABC de la Bourse comme l’une des retombées du Sommet algérien, avant même sa tenue».

Il explique que les prix se sont inversés lundi après avoir atteint une «baisse significative» vendredi dernier, alors que le prix du gaz aux États‐Unis d’Amérique a atteint 1,56 $ par million d’unités thermiques britanniques (BTI) et qu’en Europe, le prix a atteint 22,61 euros par mégawattheure»

Il a souligné également que «les prix du gaz sont toujours orientés à la hausse», et qu’il s’attend à ce que d’ici une semaine le prix du gaz atteigne 2 dollars aux États‐Unis et dépasse 30 euros en Europe, soulignant que c’est «une chose positive pour les producteurs du marché du gaz, car en Europe et en Amérique, ils suivent ce sommet avec beaucoup d’intérêt».

MUSTAFA SAÏJ, PROFESSEUR EN SCIENCES POLITIQUES : «LES CONSOMMATEURS RECHERCHENT DES FOURNISSEURS FIABLES COMME L’ALGÉRIE»

Le professeur de sciences politiques et relations internationales, Mustafa Saïj, dit que ceux qui s’intéressent au marché du gaz «surveillent de près ce qui ressortira du sommet algérien, qui intervient dans des circonstances exceptionnelles au niveau géopolitique international».

Il a souligné que «le facteur géopolitique pèse toujours lourdement sur le marché
du gaz» et constitue l’une des «variables clés» susceptibles d’affecter les tendances futures de cette ressource mondiale vitale. «Pour les consommateurs, il est primordial d’assurer un approvisionnement régulier, et ils recherchent des fournisseurs fiables comme l’Algérie».

LARBI GHOUINI, EXPERT ÉCONOMIQUE : «LE SOMMET PERMET UN CONSENSUS ENTRE LES PAYS PRODUCTEURS»

L’expert économique Larbi Ghouini a souligné que le sommet d’Alger «permet depréserver le marché mondial de l’énergie, en parvenant à un consensus entre les pays producteurs». Aussi, «la demande mondiale en gaz connaît une augmentation significative», soulignant que cela accroît l’importance du Sommet d’Alger, «où les experts et les décideurs diagnostiquent la réalité du marché, tout en construisant une vision d’avenir qui garantirait les intérêts des pays producteurs».

PROFESSEUR MOHAMED HIMRANE, CHERCHEUR AU CENTRE DE L’ÉCONOMIE APPLIQUÉE : «CE TYPE DE CONSENSUS NOUS PERMET DE GARANTIR LES OBJECTIFS ESSENTIELS»

Le Professeur Mohamed Himrane est chercheur au Centre de l’économie appliquée au développement (CREAD), un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Il nous dresse ici le contexte dans lequel est intervenu le Sommet d’Alger sur le gaz.

«Le climat était propice lors de ce Sommet sur le gaz pour avancer et aller vers un consensus entre les pays producteurs». «Ce type de consensus nous permet de garantir les objectifs essentiels, dont la préservation de la souveraineté en matière de protection de nos propres ressources, la défense de nos intérêts gaziers et l’organisation des marchés gaziers».

«Mais c’est sur la promotion et la défense de cette ressource irremplaçable, qui est le gaz, que le Sommet s’est articulé ; car nous avons eu droit ces dernières années à des menées répétitives sur la nécessité d’aller vers les énergies renouvelables, ce qui a poussé certains pays à réduire leurs investissements en matière pétrolière. Mais c’est le contraire qui est arrivé, avec une plus grande demande sur les énergies fossiles.

«On s’en souvient, lors de la crise de 2021, le prix du gaz a périclité pour atteindre 5 euros ; mais la guerre en Ukraine a mis en avant cette évidence et les prix se sont surmultipliés par 10. La crise gazière s’est également reflétée sur son surcoût, de sorte qu’on était devant 175 millions de personnes qui n’avaient plus les moyens de continuer à bénéficier de gaz, en 2022. Et cela a mené l’Europe à plafonner les prix du gaz.

«Donc nous sommes devant une véritable crise du gaz et le Sommet d’Alger est venu au bon moment pour rectifier le tir, introduire des corrections et tracer des balises».

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L'express quotidien du 23/06//2025

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